mercredi 6 février 2013

Chapitre 13 - Une certaine vision des choses


James repoussa rageusement sa couverture. Il avait très mal dormi. Dans ses rêves, il commençait à faire l'amour à sa belle rousse puis tout s'arrêtait. Elle s'en allait et ne revenait pas. Il réagissait toujours pareil, il la pourchassait, jusqu'à ce que la porte disparaisse, qu'il prenne sa masse et qu'il détruise la chambre bleue. Ensuite, une sensation de chute finissait de le réveiller en sursaut. Ça lui était arrivé trois fois cette nuit.
Et à chaque petit élément étrange qui s'ajoutait à sa vie, une tonne de questions lui venait en tête. Il se demandait pourquoi il faisait le même rêve systématiquement. Le somnia potestatem ? Il en doutait car son rêve était agréable au début et malgré l'inquiétude qui grandissait en lui quand elle s'enfuyait, il sentait que ce serait comme ça qu'il réagirait. Ce n'était pas comme dans le premier rêve, quand Lily le dégoûtait à un point qu'il pensait inimaginable. Comme si elle avait été une personne si affreuse que rien que l'idée de la toucher le faisait vomir. Ce qu'il s'était senti mal après ce rêve...

Par acquit de conscience, il se dirigea vers la salle de bain et se posta devant le miroir. Il examina consciencieusement ses tempes ; toute trace sombre s'était effacée depuis quelque temps et elle ne semblait pas être apparue à nouveau. À la limite, il aurait préféré que ce soit bien à cause du somnia potestatem, il se serait posé moins de questions.

Il contempla le jour qui se levait doucement puis, l'heure du petit déjeuner se rapprochant, il réveilla ses amis. Ils se dirigèrent ensuite tranquillement vers la Grande Salle.

          _ Être un chevalier de la Marauderie, ça n'offre pas beaucoup de sommeil, bailla Sirius.

          _ Oui mais beaucoup d'honneur, plaisanta Remus.

          _ De quoi parlez-vous les gars ? demanda Peter perdu.

          _ Une bêtise, le rassura James.

Une fois rentré dans l'immense salle au plafond enchanté, il remarqua tout de suite une blonde à quelques mètres de la table des Gryffondor, les bras croisés sur son buste.

          _ Ça sent mauvais pour toi Corny, chuchota son presque frère en regardant dans la même direction que lui.

          _ Ce ne va plus être Samedi, mais Dimanche en Enfer, soupira le jeune homme à lunettes tout en continuant d'avancer vers elle et donc vers la confrontation pendant que les autres garçons allèrent s'asseoir pour le laisser tranquille.

Elle trouvait encore le moyen de l'agacer. Il fallait qu'ils règlent leurs histoires devant tout le monde, évidemment ! Ça n'aurait pas été génial si tout Poudlard n'avait pas pu assister à une scène de ménage, bien sûr.

Arrivé à sa hauteur, elle le toisa de toute sa hauteur. Il s'empêcha d'afficher un sourire narquois ; elle était tout sauf impressionnante et elle n'avait aucun charisme pour inspirer quelque peur que ce soit. La seule fille qui l'impressionnait quand elle était en colère était Lily. Il faut dire qu'il n'était pas vraiment impartial pour juger mais, elle imposait toujours ce respect et cette admiration qu'on réservait aux femmes battantes et fortes.

          _ C'est ça ta bonne éducation ? s'écria-t-elle à son encontre. Te barrer après avoir tiré ton coup et ne pas me donner de nouvelles pendant une journée entière !

          _ J'avais cru être clair, répliqua-t-il à voix basse, je n'avais pas le temps ni l'envie d'avoir une petite amie. Tu as insisté, très bien, mais ne viens pas te plaindre maintenant. Je n'ai pas de comptes à te rendre !

          _ Je ne te laisserais pas me faire passer pour la cocue de service, siffla Candy plus discrètement elle aussi, je sais que t'as traîné avec ta sale rousse hier ! N'essaye pas de me mentir, tu l'as même ramenée dans sa chambre !

          _ Comment le sais-tu ?! Tu m'as suivi ?

          _ N'essaye pas de savoir ! s'énerva la jeune Poufsouffle en haussant le ton, il est hors de question que tu appartiennes à une autre que moi ! Tu es MON James Potter, personne d'autre ne peut t'avoir ! Tu me dois bien ça, j'étais là quand tu voulais l'oublier ! Tu me dois ce respect !

          _ Tu ne te respectes pas toi-même, Candy.

          _ Tu dis ça parce que tu es sous l'emprise de ta parfaite petite sainte-nitouche ! Tu vas voir, je vais te prouver que ta préfète n'est pas aussi angélique qu'elle le prétend ! Et quand tu auras pris conscience de ça, ça changera tout !

          _ Va-t-en Candy avant que je ne m'énerve vraiment, gronda-t-il contrôlant sa colère.

Critiquer ou insulter Lily était une pratique à laquelle il ne valait mieux pas se risquer devant James. Il ressentait toujours le besoin de la défendre.

La blonde en colère lui tourna les talons et s'en alla la tête haute jetant de discrets regards à la foule d'élèves en train de petit-déjeuner ; cette fille ne s'occupait vraiment que des apparences.

James s'installa aux côtés des Maraudeurs et défoula son humeur devenue massacrante sur son bacon. Après avoir fait de son assiette une véritable boucherie, il leva la tête et remarqua que la fille de ses rêves venait de s'installer à leur table à une distance raisonnable. Son cœur s'emballa stupidement et ce fut pire quand il aperçut une once de gaîté sur ses traits fatigués. Était-ce grâce à lui ? Était-ce en rapport avec la soirée d'hier ? Avait-il réussi à faire mieux que d'animer de l'ironie et de la colère en elle ? Cet espoir absurde se cramponna à sa mauvaise humeur et l'étouffa rapidement. Il était à nouveau fasciné et l'envie d'être avec elle comme dans le bain d'hier le reprit de plus belle. 

          _ Ça a l'air de s'être bien passé, ironisa Remus.

          _ Très observateur Lunard, répliqua-t-il sur le même ton.

          _ Je suis déçu, intervint Sirius, sa bouchée à peine avalée, j'aurais cru que ça allait péter, qu'on allait pouvoir avoir de l'animation pendant qu'on mangeait. On a juste entendu deux de ses phrases et après vous avez baissé le volume, ça ne se fait pas ! 

          _ Elle sait pour hier et je crois qu'elle n'a pas très envie que tout le monde sache que j'ai préféré la compagnie de la salle de bain à la sienne, répondit James, expliquant à mots voilés la raison de cette soudaine discrétion ; Peter n'était au courant de rien et devait le rester si James ne voulait pas que tout le monde le sache.

Ce dernier sembla d'ailleurs être complètement absorbé par son repas. Malgré cela, James préférait rester prudent.

          _ Oui enfin, y a pas que sa compagnie que t'as préférée, insinua le jeune Black en riant de sa propre phrase. 

Remus lui envoya un coup de coude bien placé qui provoqua l'arrêt de son hilarité.

          _ Hey, aïe !

          _ Merci Remus.

          _ Je t'en prie James, mais je ne l'ai pas fait par altruisme, répondit-il en souriant.

          _ Arrêter Sirius dans ses délires ou le frapper n'est jamais une preuve d'altruisme, s'esclaffa James.

          _ Allez-y, parlez de moi comme si je n'étais pas là ! s'indigna le principal intéressé.

          _ On se dit que peut-être à force de persuasion, on arrivera à te faire disparaître, avoua Remus d'un sérieux très bien imité.

          _ Ah ouais ! Ben je sais ce que vous avez déjà fait disparaître moi, c'est votre cerveau ! Quelle personne un tant soit peu intelligente pourrait vouloir me faire disparaître ?! 

          _ Les personnes qui te connaissent Patmol, tout simplement, rigola son presque frère.

          _ Vous dites ça, mais on verra quand vous vous serez trouvé des femmes ennuyantes à mourir, vous prierez Merlin et les autres pour entendre encore une fois une de mes bonnes répliques !

          _ Arf, tu m'as convaincu, ironisa James, je jure abstinence dès maintenant pour entendre jusqu'à la fin de ma vie, tes répliques merveilleusement pertinentes !

          _ Ça ne fera pas de mal au neurone qui te reste, parce que mon vieux, tes histoires de cœur ne sont pas compliquées, elles sont insolubles !

James soupira et trouva la phrase de Sirius, malgré la touche d'humour, tout à fait juste.

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Le jeune homme parcourait un couloir du rez-de-chaussée, désirant se rendre dans la cour intérieure où il pourrait profiter de l'air frais mais aussi du calme de l'endroit, sachant que presque tous les élèves étaient allés dans le parc en ce dimanche ensoleillé.

Il n'avait pas croisé Candy depuis l'altercation de ce matin et ça lui allait très bien. Sa compagnie lui serait encore plus fade que d'habitude et puis il doutait qu'elle soit déjà passé à autre chose ce qui signifiait une longue discussion ennuyeuse avec peut-être même excuses à la clé. Et même si c'était lui le fautif, il n'avait pas du tout envie de se faire pardonner. Elle était trop envahissante et il ne comptait pas s'écraser devant elle.

Il arriva à un croisement entre deux couloirs et la seconde d'après son dos et sa tête s'écrasèrent contre une surface rude et dure.

Légèrement assommé, il n'eut pas le temps d'ouvrir les yeux que déjà une surface molle et douce se collait à ses lèvres. Une autre chose humide força le barrage de ses lèvres et reconnaissant ce corps plaqué contre lui, ce parfum et ces lèvres, il la laissa entrer dans sa bouche. Remis de son « attaque », James ouvrit les yeux pour la voir avec les yeux fermés, le visage empreint de soulagement. Elle avait enfoncé ses doigts entre ses cheveux et il ne tarda pas à mettre les siens dans le creux de ses reins. Bientôt, il fut inondé par le flot d'émotions caractéristiques qui affluaient en lui quand ils s'embrassaient. C'était si bon.

Fougueuse comme jamais, elle ajoutait à chaque coup de langue une sensualité nouvelle à leurs baisers. Son corps semblait vouloir fusionner avec le sien, ses cuisses remontaient le long de ses hanches pour aller s'enrouler autour de lui. Automatiquement, il la cala contre le mur en soutenant ses fesses qu'il sentit dénuées de tissu sous ses mains.

Le brasier que Lily alluma en James lui fit perdre la tête. Aussi, il n'eut aucune idée de comment il s'était retrouvé torse nu, la main dans le chemisier à moitié défait de la jeune femme contre le mur, empoignant passionnément un de ses seins. La seule idée qu'il eut – et qui ne concernait pas une manière ou une autre de déshabiller Lily pour lui faire l'amour – était qu'ils allaient trop loin. Pas comme ça, pas contre ce mur d'un couloir poussiéreux, pas avec l'étrange relation qu'ils entretenaient. Ils le regretteraient, tous les deux.

James décolla lentement ses lèvres des siennes et tenta de retrouver une respiration normale. Il remarqua que le sensuel buste           _ à peine couvert – de sa partenaire tentait aussi de s'apaiser. Comment faisait-il pour résister ? Il se le demandait encore car ses envies en ce moment même étaient tout sauf raisonnables. Sa délicieuse bouche gonflée d'un rouge insolent soufflèrent des mots qu'il mit du temps à comprendre, tellement le sang battait encore puissamment dans ses tempes.

          _ C'est encore mieux que dans mon rêve...

Était-elle en train de dire qu'elle avait rêvé de lui ? Et que ça lui avait tellement plu qu'elle était venue à lui pour sentir à nouveau la délicieuse sensation des moments où leurs âmes communiquaient à travers leurs corps ? Peu désireux de détruire ses espoirs avec la partie raisonnée de son cerveau qui semblait de toute façon avoir déclaré forfait, il l'embrassa, emporté par une nouvelle euphorie.

La jolie tigresse poussa un gémissement qui fit dresser le moindre de ses cheveux pendant que ses mains caressaient son corps à divers endroits. Ses formes étaient délicieuses et lui procuraient des frissons puissants. Ses gémissements se faisaient plus intenses à mesure que les mains du jeune homme passaient fermement sur ses cuisses, ses hanches, ses seins et ses fesses. Sa peau avait une texture divine et douce et il ne fut plus sûr de sa volonté. Elle, toujours plus entreprenante et sensuelle, voulut s'attaquer à son pantalon.

Il l'arrêta à nouveau, espérant trouver la force d'arrêter de lui sauter dessus comme ça ou plutôt d'accepter qu'elle lui saute dessus ; elle était d'un érotisme irrésistible. « Encore ! » lui criaient son cœur et son corps pendant que son cerveau ne cessait de hurler « Stop ! ».

          _ Encore James, c'est si bon, souffla-t-elle

James la regarda, ahuri d'entendre ce genre de phrase, celle qui selon vous, ne sera jamais prononcé par la fille que vous aimez plus que tout parce qu'elle, elle vous hait. Celle qui est tellement étonnante, qu'elle semble être contre nature. Il n'osait cependant pas exprimer ce moment de pur étonnement ; il avait bien compris qu'il ne fallait pas éveiller les soupçons sur son comportement étrange, il ne fallait pas la mettre en danger. 

Malgré son silence, ce moment de flottement reconnecta la jeune fille à la réalité. Elle ouvrit les yeux et l'air passionné qu'elle affichait il y a quelques secondes se gomma pour laisser place à de l'horreur. Elle se raidit contre son corps et le repoussa rudement. Ses bons réflexes permirent au jeune homme de s'extirper avec efficacité pendant qu'elle reboutonnait son chemisier, tremblante comme une feuille. 

          _ Mon Dieu, qu'est-ce que j'ai fait... Je n'ai pas le droit, marmonnait-elle, affolée.

Et avant qu'il n'ait pu répondre, elle s'enfuyait déjà en courant et en pleurant.

James soupira et retrouva l'état d'esprit douloureux d'un de ses souvenirs, l'altercation à l'infirmerie. Elle le rejetait encore, elle se dégoûtait et s'en allait. Il aurait dû s'y attendre, mais c'était tellement différent de le vivre, encore. Il mourrait d'envie d'aider Dumbledore, de faire cesser ce monstrueux sortilège qui la poussait à faire une chose et son contraire. Il voulait faire avancer les choses, mais le directeur de Poudlard le tenait éloigné des recherches et ça le rendait fou. Il lui avait par contre, presque conseillé de veiller sur Lily. Devait-il laisser son cœur se déchiqueter encore plus en morceaux pour éviter qu'elle soit en danger ? Alors que ses contradictions devenaient de plus en plus puissantes ?

Il était certainement masochiste car il connaissait déjà la réponse.

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