✭✭✭ Déconnexion ✭✭✭
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Lily devait faire un choix. Devait-elle danser avec cet inconnu ou refuser de le suivre ?
Depuis
plus d’une minute, la jeune femme affichait un air hébété. Pas qu’elle
n’aurait pas voulu paraître plus intelligente à ce moment même mais elle
n’y pouvait rien, tous ses neurones étaient occupés à faire autre
chose. Il ressemblait vraiment à Dereck quand même...Ce beau chanteur de
jazz et pianiste charismatique qui l’avait charmée...et jetée. Une
ombre de colère passa devant ses yeux et elle fronça les sourcils puis
croisa les bras face à l’inconnu qui lui tendait la main d’un air
entendu.
Pour
qui se prenait-il à lui parler de la sorte ? Ça avait toujours été
comme ça avec lui, il était toujours sûr de sa valeur, sûr de ses choix.
Tout était toujours acquis pour lui, forcément, puisqu’il était le
meilleur !
Un
sentiment d’indignation la fit bouillir et elle le déversa sur cet
homme alors qu’une partie d’elle-même savait qu’au final, il n’avait
fait que tenter sa chance à la vue de son corps voluptueux se mouvant
sur la piste de danse.
« Ni moi ni mon “petit cul”, comme tu l’appelles, n’iront se frotter à toi et tes manières de petit mec suffisant !
_ Ola ! s’exclama-t-il, désagréablement surpris par ce revirement de
situation. Il faut te calmer, poulette ! Tu m’as allumé et là tu fais
l’effarouchée ! T’es comique, toi...
_ Écoute mon gars, intervint Sirius en s’interposant physiquement entre
l’homme et Lily. S’il faut te la faire dans une autre langue, je m’y
colle tout de suite parce que t’es plus que lent à la comprenette. La
demoiselle t’a clairement dit “non” et aussi “vas te faire voir” donc
suis donc son conseil et débarrasse le plancher, tu veux. »
Le
sosie de Dereck s’indigna encore un peu mais se découragea bien vite en
apercevant une jolie blonde, très ivre elle aussi, se trémousser avec
encore plus d’audace que la douce rouquine. Il alla donc la rejoindre
avec la même démarche qui avait eu du succès auprès de Lily.
Suite
à cette altercation, Sirius décida d’un commun accord avec lui-même que
la soirée s’était suffisamment éternisée comme ça. Lily était passé à
deux doigts de faire une erreur qu’elle aurait regretté pendant
longtemps. Il était soulagé et fier d’avoir réussi à lui éviter ça.
Malgré son esprit embrumé, il réussit l’exploit de marcher sans trop faire de zig-zag. De ça aussi, il était fier.
La
rouquine suivit docilement le beau Black sans chercher à comprendre où
il pouvait bien l’emmener. Puis, quelques minutes après leur sortie de
la boite de nuit enfumée, l’air froid aidant à lui rendre un semblant de
lucidité, Lily comprit enfin qu’ils étaient en train de rentrer chez
Sirius. Le long du chemin, ils rigolèrent de leurs démarches sinueuses
et de leurs attitudes lentes et assez ridicules. Le portoloin fut
l’étape la plus éprouvante du parcours. Ils eurent tellement de
difficultés à s’imaginer la villa moderne du jeune homme qu’ils furent
obligé d'appeler un magicobus. Pendant le trajet, ils se rentrèrent
dedans à maintes reprises, n’essayant même pas de se tenir aux barres de
fer qui étaient réparties de manière égale dans le bus. Le chauffeur
fut même à deux doigts de les jeter dehors avant la fin de l’arrêt tant
leurs éclats de voix étaient bruyants.
Une
fois arrivés, Sirius s’affaissa avec lourdeur dans son canapé d’angle
moelleux. Il était épuisé d’avoir dansé autant. Et puis la pièce
tournait tellement, c’était hypnotisant...
Lily
observa le beau Black s’endormir en très peu de temps. Elle poussa un
long soupir de frustration ; elle n’avait pas envie de dormir, elle !
Étant toujours surexcitée, elle avait encore envie de sautiller partout.
Et puis elle avait chaud...Et faim...
Une
idée, qu’elle pensait lumineuse, lui vint ; et si elle faisait de la
cuisine ? Cela lui donnerait en plus une excuse pour réveiller Sirius
par la suite. Elle se trouvait intelligemment diabolique et cela la fit
rire toute seule pendant deux bonnes minutes.
Pendant
qu’elle fouillait dans les placards du haut de la cuisine orange
acidulée de Sirius, elle se creusait la tête pour trouver quelque chose à
cuisiner et surtout à manger. Seulement, les idées mettaient du temps à
venir, surtout les idées sensées. En apercevant le lait d’amende, la
jeune femme eut envie de faire du Porridge...au chocolat fondu ! En
l’honneur de ses origines qu’elle savait anglaises. Peut-être même que
sa maman en préparait le matin et que c’était là la raison qui faisait
qu’elle adorait tant ce goût ?
Elle
fit chauffer le lait et y ajouta les flocons d’avoine, elle en versa un
peu à côté et cela aussi la fit rire. Dans une autre casserole, il fit
fondre du chocolat et ne put résister à en déguster quelques carrés.
Elle retira les deux casseroles une fois les flocons gonflés et le
chocolat fondu. Elle mélangea le tout et ajouta des morceaux de poires,
de bananes et de figues.
Satisfaite de sa préparation, elle se dirigea vers le salon en trottinant presque ; un rien la rendait euphorique.
Une
fois assise auprès de Sirius, elle se remémora tout ce qu’il avait fait
pour elle depuis ces derniers temps. Il avait pris soin d’elle quand
elle pleurait toute seule sur son banc, il l’avait invitée sous son toit
sans jamais la faire sentir de trop, il l’avait nourrie, logée et fait
rire. Puis ensuite il s’était cassé la tête pour lui obtenir des places
de concert et l’avait fait se sentir jolie en lui offrant une robe sexy.
Il l’avait enfin suivie en boite de nuit sans broncher, même s’il ne
l’avait pas prévu et pas forcément voulu. Bref, le jeune homme avait été
un véritable ami et c’était si touchant...
Lily
eut envie de partager avec Sirius la sensation de gratitude que faisait
venir ce constat. Elle se précipita donc sur lui pour l’enlacer avec
vivacité Elle fut d’ailleurs obligée de grimper sur lui pour réussir son
entreprise. Elle caressa ses bras et le remercia à voix haute.
Le
jeune Black fut sorti de son sommeil par un corps chaud qui se mit au
dessus de lui. Il bougea légèrement pour mieux l’accueillir et plaça ses
bras dans son dos à elle. Il ouvrit à peine ses yeux, à mi-chemin entre
le rêve et l’éveil, et reconnut les beaux cheveux de Lily, puis son
visage et enfin son corps. Sans se poser de questions, il fit glisser
ses mains le long de son dos avant de s’arrêter sur l’arrondi de ses
fesses. Elles étaient douces, même avec une robe qui les couvraient.
Un
frisson la parcourut et cela lui fit du bien. Il n’en fallut pas plus
pour que les envies de Lily deviennent plus audacieuses et que tout
bascule. Elle passa ses mains entre leurs deux corps pour toucher son
torse ; sa chemise blanche avait été déboutonnée plus tôt dans la soirée
et il l’avait laissée comme ça depuis, tant il était ivre.
Sirius
continua à descendre ses mains le long de ses fesses puis accéda à ses
cuisses découvertes. Il les pressa avec force pour plaquer Lily à lui,
ce qui provoqua un gémissement de surprise de la part de la rouquine.
Sans lui laisser le temps de répondre par un geste, il fit remonter la
robe en même temps que ses mains. Il continua son ascension le long de
son dos et finit par enlever entièrement la robe qu’il jeta négligemment
sur le marbre du salon. Les vêtements de Sirius eurent droit au même
sort, quelques dizaines de secondes plus tard.
Le
beau brun passa ses mains partout sur le corps de la rouquine, se
sentant d’ores et déjà frustré par ses sous-vêtements bleus en dentelle
qui cachait encore bien trop son corps. Il insista à maintes reprises
sur les fesses de la jeune femme qui étaient quasiment nues, au vu du
petit string qu’elle avait décidé de porter ce jour là. Elle plaqua sa
bouche sur la sienne, lui mordit les lèvres en réponse à ses mains qui
pétrissaient pleinement sa peau. Il tira si fort sur la ficelle qu’elle
claqua dans un bruit sec en laissant une trace rouge vif sur la peau de
la jeune Evans. Ils ne s’arrêtèrent même pas, trop occupés à satisfaire
leurs pulsions bestiales.
Désirant
prendre le dessus, Sirius se retourna vivement en entraînant la
rouquine dans sa course pour la basculer en dessous de lui. Seulement,
n’ayant plus conscience qu’ils se trouvaient sur un canapé, ils
tombèrent lourdement sur le tapis au pied du sofa.
Lily
fut légèrement assommée par cette chute mais tout était tellement
intense, qu’elle exclama sa douleur seulement par un gémissement bref.
La jeune femme fut d’ailleurs bien vite distraite par la démonstration
de force du beau Black, qui arracha les bretelles de son soutien-gorge
pour plus rapidement pouvoir embrasser passionnément ses seins.
Quelques secondes plus tard, le jeune brun se glissa en elle avec puissance et il lui donna envie de crier son plaisir.
À
un moment donné, elle voulut prendre appui au coin de la table basse,
histoire de donner plus de puissance à son bassin, mais elle ne fit
qu’attraper le coin du plateau où se trouvait les deux bols de
Porridge. Le lait encore tiède se déversa sur le dos de Sirius et tous
les morceaux de fruits et d’avoine s’éparpillèrent sur leurs deux corps.
Les bols, les petites cuillères et le plateau firent un fracas qui ne
les stoppèrent pas. Seul le moins enivré d’entre eux, Sirius, se fit la
réflexion fugace que la chance était avec eux, car aucun débris de verre
n’avait blessé Lily. Il l’embrassa avec force, eut envie de la mettre
sur le ventre et donna, dans cette position, plus de puissance encore à
ses coups de reins.
Lily
était déchaînée, elle se libérait de tout et allait jusqu’au bout, tant
le sentiment de lâcher prise la grisait. Sirius quant à lui, vivait un
fantasme qu’il avait déjà rêvé plusieurs fois sans jamais avoir osé le
réaliser avec elle. D’ailleurs, seule une petite partie de son esprit se
rendait compte de ce qu’il se passait réellement ; l’autre partie
voyait cela comme un rêve très excitant et très réaliste.
Ils
se mouvèrent sauvagement jusqu’à ce que le jeune homme atteigne
l’orgasme. Le temps se figea à ce moment-là puis les corps retombèrent
lentement sur le sol, l’un à côté de l’autre, couverts de sueur,
essoufflés et vidés.
Cette soirée et surtout ce dernier évènement, les avait complètement et définitivement déconnecté de la raison et du bon sens.
✮✮✮
La
lumière du jour perça le voile de ses paupières malgré le mauvais temps
dehors. La pluie battait sur les longues et grandes baies vitrés de la
maison. Oui mais d’ailleurs, la maison de qui ? Où était-elle déjà ?
Elle cherchait à tout prix à le savoir mais elle avait d’autres
préoccupations pour le moment ; des préoccupations physiques.
Sa
tête semblait être en béton tant elle était lourde et alors qu’elle
n’avait même pas encore esquissé un mouvement, elle sentait de multiples
brûlures sur son corps, au niveau de son cou, de ses seins, de ses
reins et surtout plus bas encore. Son estomac se tordait dangereusement,
lui donnant des nausées désagréables. Elle était frigorifiée aussi.
Qu’est-ce qu’il avait bien pu arriver ?
Prenant
son courage à deux mains et voulant éclaircir ses questionnements, elle
ouvrit les yeux après s’être relevé très doucement. Ce qu’elle vit, une
fois sa vision rétablie, fut une des images les plus choquantes qui lui
était donné de voir de ses propres yeux. C’était un véritable bazar,
des morceaux de vaisselle brisée était éparpillés sur le tapis chocolat
et côtoyaient des vêtements froissés et jetés négligemment. Le tissu du
tapis était tâché de part et d’autre d’elle et une odeur d’amande
pourrie lui écorchait l’odorat. Elle regarda son propre corps plus en
détail et elle fut sidérée de voir qu’elle était quasiment nue, seul son
pauvre soutien gorge qui était affaissé négligemment autour de son
bassin, restait encore. Des bouts, de ce qui semblait être de la
nourriture séchée, étaient éparpillés sur sa peau à côté de petites
coupures qu’avaient certainement provoqué les morceaux de verre. Son
sein gauche comportait une marque évidente de morsure quand celui du
droit en comptait trois !
Le
froid, l’odeur et le choc eurent raison d’elle et elle se précipita
dans la salle de bain pour y vomir. Ses tempes vrillaient de douleur,
ses jambes la tenaient à peine et tout son corps était courbaturé. Des
flash lui vinrent par la suite, une fois que son visage rencontra l’eau
fraîche du robinet.
Elle
se vit à un concert, danser et hurler comme une folle au rythme des
chansons de Queen, avalant cocktails sucrés sur cocktails sucrés. Puis,
se frottant à un homme mal rasé sur une piste de danse fumeuse. Par la
suite, Sirius s’interposant entre l’homme de la piste de danse et elle
avant qu’ils ne fassent le chemin de retour.
Jusque
là, le récit de la soirée qu’elle put se faire grâce à ses récents
souvenirs, était censé. Elle se sentait quelque peu honteuse de s’être
frottée de la sorte à un vague inconnu mais elle le savait bien qu’elle
faisait n’importe quoi quand elle était saoule. Seulement, quand Sirius
lui avait proposé de tout oublier le temps d’une soirée, comment
aurait-elle pu refuser ? Elle ne le pouvait pas, bien sûr. Même si elle
devait vivre avec le fait d’avoir été trop loin avec un vague inconnu.
Mais
alors, qu’avait-il bien pu se passer pour qu’elle se retrouve dans un
tel état, une fois rentré dans la villa de Sirius ? Si le jeune Black
découvrait l’immonde chaos qu’elle avait fait régné dans son si élégant
salon, il allait assurément la tuer. Avait-elle invité quelqu’un ? Ou
avait-elle fait ça toute seule ? Le doute la submergea et elle se
précipita dans le salon pour s’assurer de la réalité des faits.
Son
coeur s’arrêta de battre à l’instant où son regard se posa sur le corps
nu et endormi de...Sirius. Il était allongé sur le tapis, au pied du
canapé, juste à côté de l’emplacement où elle avait dormi.
La
jeune femme faillit s’effondrer tant elle tremblait de partout. Le
dernières pièces du puzzle s’imbriquèrent quand les souvenirs de ses
ébats avec le beau motard lui revinrent, avec la force d’un coup fatal.
Ils avaient été bestiaux, ils avaient été ivres, ils avaient été
sauvages et le pire de tout : elle avait aimé ça à la manière d’une
femelle en rut.
Qui était-elle ? Lily ne se reconnaissait pas.
Depuis
quand couchait-elle aussi vite ? Depuis quand couchait-elle sous
prétexte qu’elle avait bu ? Depuis quand s’offrait-elle sur un coup de
tête, une envie fugace, un instinct animal ? Depuis quand était-elle
attirée par l’envie de se dévoiler si intimement à quelqu’un d’autre que
celui qu’elle était censé aimer ? Depuis quand le sexe n’était pas une
chose profonde qui se faisait aussi avec le coeur et pas seulement le corps ? Depuis quand le faisait-elle avec un ami ?
Qu’allait-elle
faire, maintenant ? Comment allait-elle pouvoir le regarder dans les
yeux sans ressentir la honte qui la transperçait en ce moment-même ?
Qu’allait-il penser d’elle ?
Il
devait la prendre pour une fille légère ou pire, la pire des
allumeuses, finissant par coucher, peu importe le mec. Après tout, elle
commençait à se frotter à ce drôle d’inconnu et finissait par sauter sur
Sirius. Elle n’avait donc pas de retenue ? Elle était si affamée que ça
?!
Elle
était horrifiée, elle paniquait littéralement. “Au secours” était la
seule réponse à son désarroi qui semblait vouloir sortir de son esprit.
La jolie rouquine en pleurs avait si honte, c’était affreux. L’image
qu’elle avait d’elle, déjà sérieusement ébranlée par Derreck, était
maintenant ternie dans sa quasi-totalité. Et la seule option qu’elle
envisageait était celle de fuir...et d’oublier le plus longtemps
possible avant que les évènements de la vie viennent tout lui renvoyer à
la figure.
Lily
alla ramasser la robe que Sirius lui avait offert, elle l'enfila avec
un malaise évident. Comme si se remettre dans ce vêtement était le signe
qu'elle allait redevenir la fille qui la portait la nuit dernière.
Cette fille dévergondée, sans limite, sans gêne et sans respect pour ses
convictions.
Elle
avait toujours été fière d'être une jeune femme censée malgré son
enfance en orphelinat, elle avait toujours cru être plus romantique que
la moyenne, être quelqu'un qui faisait passer les besoins de son coeur
avant celui de son corps et voilà qu'elle se mettait à faire n'importe
quoi !
Elle
prit les cadavres de ses sous-vêtements et se mit à courir en direction
de la porte d’entrée en ayant qu’une seule idée en tête : rentrer chez
elle et prendre une douche.
C’est
en entendant la porte claquer, que Sirius se réveilla à son tour. Perdu
et hébété, il mit plusieurs minutes avant de se reconnecter à la
réalité. Il eut le droit à un mal de tête similaire à celui de Lily. Le
jeune homme ne fut cependant pas aussi perdu que la rouquine, tout
d’abord parce qu’il était plus habitué et donc plus résistant à l’alcool
et parce que, aussi incroyable que cela pouvait paraître, c’était elle
qui avait bu le plus de verres.
Le
fait d’avoir une gueule de bois moins puissante que celle de son amie
n’arrangea en rien le sentiment désagréable de culpabilité qui
l’assaillait en se rendant compte de ce qu’ils avaient fait cette nuit.
Ce n’était pas bon, pas bon du tout. Enfin, si, cela avait été plutôt
bon mais cela n’augurait rien de bon. Il venait de la froisser, de la
rendre craintive. S’il avait été aussi sauvage qu’elle qui l’avait
griffé tout le long du dos, il devait même l’avoir blessée.
Pire
encore, il venait de rendre leur relation très instable et le beau
Black ne savait même pas si elle allait encore vouloir lui parler.
Comment allait-il faire ?
Avoir
gâché la majorité de ses chances de faire intégrer Lily à Black Anarchy
à cause de cette soirée, le rendait fou de rage. Pourquoi n’avait-il
pas pu se contrôler ?
Bien
sûr que la jeune Evans était sexy et belle mais c’était plus que ça. Il
ressentait toujours ce besoin de veiller sur elle. Mais une question
mettait à mal l’idée que Sirius était réellement charmée par Lily. Car
après tout, si cela avait été une toute autre fille avec la même
situation de Céleste fragile et perdue, aurait-il été aussi ému et
attendri ? Il craignait que oui.
Oui
mais voilà, toutes ces questions, il avait justement voulu les éviter
avec une règle simple : ne pas chercher à se mettre en couple avec elle,
même s’il voulait lui faire rejoindre son camp. Et il avait réussi
jusque là ! Pourquoi avoir tout gâché, si près du but ?
Le
motard désespéré se posa sur le canapé et se prit la tête entre les
mains. Il réfléchissait aussi fort que lui permettait sa gueule de bois
pour trouver un moyen de recoller les morceaux. Il fallait qu’il la voit
à tout prix pour mettre les choses au clair avec elle. Là aussi ce
serait délicat, comment lui dire que c’était une erreur d’avoir couché
ensemble, pour ne pas qu’elle pense qu’il en voulait plus, mais sans
pour autant blesser son amour propre ? Parce qu’elle n’avait pas été
nulle, loin de là. Seulement, il savait que c’était une fille romantique
et ce genre de filles ne couchaient pas, elles faisaient l’amour. Elle
n’avait pas été pas son état normal et il en avait conscience.
Mettant
un plan en forme dans son esprit, il commença à ranger et nettoyer dans
le même temps. Une fois sa tâche matérielle finie, il fut soulagé que
ses questionnements cérébraux soient eux aussi résolus. Il partit en
direction de la douche avec une idée précise de ce qu’il allait devoir
faire. Le seul inconnu résidait dans la réaction de Lily.
✮✮✮
Lily
passa sa main sur le grand miroir de sa salle de bain rose saumon.
L'eau chaude de la douche avait recouvert toute sa surface d'une couche
de buée humide. La jeune femme se scruta dans la glace et fut dépitée de
voir qu'un suçon venait lui rendre la tâche d'oublier la nuit dernière
quasiment impossible. Il était gros et violacé, dans le plein creux du
cou et au niveau de l'épaule, on pouvait en apercevoir un autre. Elle
poussa un long soupir de désespoir et continua à faire comme si de rien
n'était, s'efforçant de répéter les gestes du quotidien pour passer à
autre chose.
Comme
tous les jours donc, elle se prépara pour aller travailler à la galerie
d'art d'Illuway, commerce dont elle était propriétaire avec Remus. Ce
dernier était un excellent associé qui se consacrait à la recherche de
peintres prometteurs souhaitant vendre leurs tableaux. Il veillait
aussi à faire connaître la galerie. Quant à la rouquine, elle
s'occupait de toute la clientèle désirant posséder des tableaux ; son
sens de l'art et sa haute maîtrise des techniques de peinture lui
permettait de répondre aisément aux questions des acheteurs ou amateurs
curieux. À eux deux, ils arrivaient à faire tourner une affaire
confortable pour leurs portefeuilles. Encore une fois, elle était
extrêmement reconnaissante envers l'élégant Lupin car au départ, c'était
à lui seul qu'appartenait cette galerie et emportée par la passion de
la jeune artiste, il l'avait laissée être employé puis associé ; c'était
vraiment un homme en or.
Elle
pénétra dans sa chambre avec une certaine appréhension, les draps du
lit étaient encore froissés d'une nuit d'amour qu'elle avait partagée
avec Dereck il y a à peine quelques jours. C'était une sensation
affreuse, sentir que c'était fini, pour de bon. Il n'allait plus
revenir. Elle avait même vérifié son Messager quand elle était rentrée,
pour savoir s'il avait cherché à la contacter. Mais seul Remus l'avait
fait.
Lily
s'installa devant sa coiffeuse sans jeter un regard de plus au lit,
elle admira le joli flacon en verre, taillé comme un bijou qui trônait
sur sa table. C'était un cadeau très précieux que Remus lui avait fait
pratiquement dès leur première rencontre. Elle lui avait confié qu'elle
gardait un seul et unique souvenir de sa maman, une odeur de muguet
toute particulière. Et quelques jours plus tard, il lui avait offert un
délicieux parfum. L'odeur était d'une similarité troublante et cela la
réconfortait de le porter chaque jour. Aujourd'hui n'allait pas manquer à
l'appel, c'était décidé.
Par
la suite, elle s'habilla simplement et sobrement, prenant garde à
porter une jupe noire assez longue pour cacher ses cuisses rougeoyantes
et un col roulé vert pour dissimuler les suçons et les morsures. Elle
voulait à tout prix éviter que Remus découvre ce qu'il s'était passé
hier. Elle était déjà sûrement perçue comme une allumeuse auprès de
Sirius, elle ne voulait pas perdre l'estime de Remus aussi, elle ne le
supporterait pas.
Une
fois arrivée, elle fut soulagée de constater que tout n’avait pas
changé dans sa vie. Sa galerie était toujours fidèle à elle-même avec
ses tableaux posés sur les trois quart des murs blanc crème. Seul un
angle sur la gauche était dénudé de tableau mais pas de peinture puisque
Lily y avait peint elle-même un somptueux paysage. Étant charmé par
cette création, Remus avait décidé d’y installer un bureau pour
accueillir la clientèle. Olive y était d’ailleurs installée. C’était une
nouvelle recrue, novice mais gentille, qui s’occupait du secrétariat.
Remus s’était enfin décidé à l’engager ; c’était bon signe, ils avaient
maintenant suffisamment d’argent pour avoir une employée. Elle la salua
aussi gaîment que lui permettait son état puis lui demanda où était
Mister Lupin. L’aimable blonde lui répondit qu’elle n’en savait rien
puisqu’il ne venait pas travailler aujourd’hui ; c’était comme ça avec
Remus, son emploi du temps était très irrégulier et il ne donnait jamais
trop d’explications à cela.
La
rouquine décida donc de rentrer dans le vif du sujet - ou plutôt de son
travail - en se dirigeant au hasard vers un homme qui flânait dans la
galerie. Lily ne le connaissait encore pas, elle examina donc en vitesse
son allure. Ça semblait être un homme élégant et assez fortuné, très
certainement de bonne famille anglaise. Ses lunettes rondes lui
donnaient un air classique et quelque peu écolier. Il ne semblait pas
perdu mais ne semblait pas non plus vouloir à tout prix être ici.
« Je peux vous aider ? demanda-t-elle comme elle le faisait habituellement.
_ Cela dépendra de vos compétences, très chère. Répliqua le jeune homme
brun à lunettes avec un petit sourire en coin. Êtes-vous capable de
supprimer le côté sombre qui réside dans les êtres humains ? »
La
rouquine fut complètement prise de cours par cette réponse hors norme.
Sur quel drôle d’oiseau était-elle encore tombée ? Et comment
allait-elle lui vendre quoi que ce soit ? Ce n’était vraiment pas le
jour où elle avait besoin d’anormalité.
« Et bien, il est évident que je ne peux rien faire pour cela, répondit
Lily avec sérieux. Par contre, je peux vous parler des beaux tableaux
qui sont exposés ici, finit-elle sur une note légèrement plus
chaleureuse.
_ D’accord, parlons d’art et de ces beaux tableaux mais vous n’y
couperez pas, un jour nous parlerons de la méchanceté humaine,
plaisanta-t-il.
_ Hm...Si vous le dites, répliqua la jeune artiste perplexe, n’étant pas sur la même longueur d’onde que lui.
_ Alors, si vous pouviez m’informer sur une question qui me taraude
depuis plusieurs jours...Le paysage qui a été peint sur la devanture de
la galerie et celui derrière le bureau d’accueil, est-ce un ou une de
vos artistes affichés sur ces murs qui les ont fait ? Je trouve sa
sensibilité artistique vraiment particulière et je trouve que cet
artiste peint avec un tel réalisme que ç’en est bluffant.
_ Euh, et bien, non, elle n’a pas de tableau accroché ici, répondit-elle rougissant comme une pivoine.
_ Vous faites là une bien belle erreur ! affirma-t-il en haussant
légèrement les sourcils. Je ne pense pas que ses tableaux m’auraient
uniquement séduit, moi. C’est étonnant que vous n’ayez pas su déceler
son talent. Enfin, pourriez-vous tout de même me donner son nom ?
_ Elle s’appelle Lily Evans.
_ Oh mais suis-je bête, excusez mon impolitesse, j’aurais d’abord dû
vous demander votre prénom à vous avant de demander celui d’une autre
femme. Qui plus est, si elle n’est pas présente dans la pièce. Comment
vous nommez-vous donc ?
_ Et bien, avoua-t-elle de plus en plus rouge, je m'appelle Lily Evans.
_ Mais alors, s'exclama le jeune acheteur l'air ravi, je suis encore plus heureux de faire votre connaissance, Mrs Evans !
_ Miss Evans, corrigea la jeune femme machinalement.
_ Je suis content de pouvoir vous dire ce que je pense de votre travail, Miss
Evans. Vous êtes une excellente artiste selon moi et je trouve dommage
que vous n'exposiez pas dans votre propre boutique. Vous avez le coup de
pinceau, croyez-moi, ma famille collectionne des oeuvres d'art depuis
des siècles.
_ Cela est courtois de votre part, Mister...
_ Mister Potter, mademoiselle. James Potter pour être tout à fait précis.
_ Mais je suis ici pour vendre des peintures et les miennes ne se vendent pas.
_ Pourtant, insista-t-il sans se défaire de son sourire poli et chaleureux, moi je suis prêt à vous en acheter.
_ Vous ne connaissez même pas l'allure de mes tableaux, répliqua Lily
dubitative sur son supposé talent. Vous ne pouvez être désireux
d'acheter sans avoir vu !
_ Je n'ai besoin
de voir qu'une seule chose, lui assura James dont le regard s'était
allumé d'une petite lueur que la rouquine ne remarqua pas. Dès que je
vois le style du tableau, je suis fixé puisque le votre est si rare
qu'il est impossible de ne pas vouloir acheter au moins une de vos
créations.
_ C'est vraiment aimable Mister
Potter mais mes tableaux sont d’un niveau amateur et...ils ne sont de
toutes façons pas destinés à la vente, ce sont des toiles personnelles.
_ Hm, fit-il avec sa gorge, semblant réfléchir à toute allure pour trouver un autre argument pour la convaincre d'accepter.
_ Mais ne vous en faites pas, le rassura-t-elle en déballant sa réponse
commerciale et machinale. Ici il y a plus de 12 artistes qui exposent
leurs différentes toiles, il y a un large choix de formats et de styles.
Vous trouverez forcément votre bonheur.
_ Bien sûr que je vais trouver mon bonheur ici puisqu'il réside dans le
fait de posséder un ou plusieurs de vos tableaux. S’il le faut,
continua James avec un sourire espiègle, j’achèterai la totalité des
tableaux ici pour que vous soyez en pénurie et là vous serez bien obligé
de me vendre les vôtres. N’est-ce pas un plan génial ?
_ Voyez-vous ça, s’esclaffa-t-elle en trouvant ce personnage de plus en plus particulier. Rien ne me fera plus plaisir !
_ Dans ce cas alors, je vais rentrer chez moi et je reviendrai pour
commencer à mettre en place mon plan diabolique. Il y a-t-il un numéro
de Messager que je puisse avoir pour vous appeler si une question me
vient ?
_ Bien sûr, demandez-le à notre charmante hôtesse d’accueil, elle vous le donnera.
_ Encore merci pour tout, Miss Evans. »
James
tourna lentement le dos à la belle rouquine avant de laisser son
sourire s'agrandir pendant qu'il remontait la monture de ses lunettes
sur l'arête de son nez. Il avait enfin découvert le nom du mystérieux
auteur des peintures murales qui l'avaient tant fait flasher. Il était
très heureux, ayant passé pas mal de temps déjà dans cette galerie à
examiner chaque artiste qui y était exposé sans jamais retrouver la
précision du trait ni la générosité des formes ou des couleurs de cette
Miss. Ce que peignait Lily Evans était un petit pan de vie en lui-même
et c'était fascinant. On aurait pu s'y projeter comme s'il s'agissait
d'un endroit à la fois merveilleux mais surtout réaliste. Enfin bref, il
adorait vraiment ce qu'elle arrivait à créer. Et dire qu'il n'avait vu
que deux de ses "toiles", qu'allait-ce être s'il avait la chance d'en
voir plus ? Le jeune Potter avait hâte de le savoir et il comptait bien
réussir à faire céder la modeste artiste car il était très motivé.
Et
comme si cela ne suffisait pas, voilà que cette artiste était en plus
une belle jeune femme. Il avait dans l'idée de tenter aussi à la
connaître un peu plus personnellement, on ne savait jamais ce que le
destin pouvait réserver et il ne voulait pas passer devant une occasion
de rencontrer une belle âme sans la saisir - l'occasion, pas l'âme, bien
sûr. Et puis, elle était vraiment belle, quand même, il fallait
l'avouer.
Lily
le regarda partir avec un certain soulagement. Ce James Potter était
dérangeant. Inattendu. Cela la perturbait. Et elle avait dit la vérité,
elle ne trouvait pas ses toiles exceptionnelles, loin de là. Elle était
persuadée que s’ils ne vendaient que ses tableaux, il ne faudrait pas
compter sur l’argent. Oui, bien sûr, elle aimait peindre et elle se
rendait compte qu’elle était capable de peindre d’une manière très
ressemblante à la réalité. Mais pour elle, ses toiles n’avaient pas
d’originalité, ni d’âme. Et puis Remus lui avait bien dit que c’était
une mauvaise idée de les exposer au grand public.
Lui,
ne remettait pas en cause son talent, loin de là. Mais il lui avait
quand même fait remarquer qu’elle était trop sensible, qu’elle mettait
beaucoup trop d’elle dans ses peintures et que cela risquerait de la
peiner plus que de mesure si jamais quelqu’un critiquait ce qu’elle
faisait. Et tous les artistes avaient obligatoirement des détracteurs.
Alors
elle peignait pour elle et puis aussi pour Remus qui était apparemment
tombé amoureux de son passe-temps. Il lui demandait assez régulièrement
l’autorisation de prendre ses toiles préférées et de les garder pour
chez lui. Cela la flattait beaucoup.
La
journée passa de manière laborieuse, le fait d’aider les visiteurs ne
l’empêcha pas de devoir se battre avec ses démons intérieurs. Sa
tristesse grandissait et elle ne cessait de ressasser l’abandon de
Dereck pendant que son sentiment de honte devenait suffocant. Elle avait
trouvé le moyen de gâcher l’amitié d’un ami qui lui faisait du bien et
ce même après le départ du pianiste-chanteur. Elle était vraiment
douée...
Chaque
pas qui la menait vers son appartement étaient lourds. Qu’allait-elle
faire seule, avec son désespoir ? Remus était apparemment absent, Sirius
était devenu un problème et Dereck était encore une blessure à vif dans
la chaire de son coeur.
Une
fois dévêtue de son manteau couleur caramel, elle s’installa sur un
moelleux fauteuil en véritable cuir rembourré qui se trouvait placé en
face de son chevalet. Lily n’avait jamais compris le besoin des autres
artistes de faire de leur atelier un endroit inconfortable. Bon, il
était vrai que la rouquine n’avait pas d’atelier à proprement parlé et
n’avait fait qu’aménager un petit coin de son salon. En tous cas, elle
était heureuse d’avoir une assise où elle pouvait se sentir bien.
Mollement,
elle prit son pinceau et le passa sur la toile vierge, le colorant d’un
bleu lagon vif. Elle ne savait pas trop ce qu’elle avait envie de
peindre ni comment elle allait le peindre ; la jeune femme essayait
seulement de se vider l’esprit. Serait-ce le ciel ? L’océan ? Le pelage
d’un animal extraordinaire ? L’iris d’une vélane ? Après tout, est-ce
que cela importait vraiment ?
La
sonnette de sa porte d’entrée se mit à claironner à maintes reprises
dans tout son appartement, provoquant une brisure dans la délicatesse du
trait qu’elle était en train de dessiner. Elle soupira de frustration
d’avoir ainsi gâché sa ligne.
Qui
était-ce ? Elle avait tout sauf envie de voir Sirius et cela pouvait
très bien être lui. Il n’était pas du style à laisser les choses se
faire, il allait plutôt aux devants des problèmes. Enfin, elle disait
ça, mais savait-elle réellement qui il était ? Depuis hier, Lily se
rendait bien compte qu’elle-même ne se connaissait pas vraiment.
Et voilà, James est arrivé ! Et oui, Lily n’y fait même pas attention, que c’est triste ^.^
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Le temps du vote est terminé !
Lily devait faire un choix. Allait-elle faire semblant d'être absente de peur de tomber sur Sirius ou allait-elle affronter la personne qui se trouvai derrière cette porte, quelle qu'elle soit ?
1 - Ouvrir la porte
2 - Faire semblant
[edit 20 Janvier 2013] Vous avez tranché, la suite a donc été écrite avec le choix n°1.
Pour voter à nouveau, il faut se rendre au dernier chapitre publié.
Bravo, très chouette chapitre Cassy, très bien pensé, très bien écrit !
RépondreSupprimerJ'aurais choisi qu'elle ouvre la porte aussi.