mercredi 6 février 2013

Chapitre 14 - Une certaine vision des choses


Les quelques jours qui passèrent furent à peu près similaires à ce fameux Dimanche.

Il évitait de croiser Candy qui n'avait pas l'air de le chercher et se faisait accoster par Lily. La jolie Gryffondor continuait son petit manège perturbant, le jour puis la nuit, le soleil puis la lune, le feu puis la glace. Et le dernier exemple était loin d'être figuré ; un jour elle était froide, l'ignorant superbement et le lendemain, il était obligé de calmer ses ardeurs tellement sa sensualité était bouillante de désir et de... besoin ?

Quand il y pensait, il trouvait cette réflexion extrêmement présomptueuse. Mais alors, comment qualifier ses mains agrippant fermement ses épaules, ses lèvres gourmandes en demandant toujours plus et ses doux gémissements qui manquaient à chaque fois de le faire basculer ?

Une chose était sûre, ces quelques de moments mirent fin aux dernières résistances qu'il avait mis en place pour se « protéger » de Lily. Il allait rompre avec Candy. Il n'aurait plus d'excuses           _ à part sa volonté           _  pour refuser les assauts de la fougueuse Evans.

Il ne pouvait pas continuer à tromper Candy. Car quoi qu'il en dise, il n'avait pas été élevé pour s'engager avec une femme, peu importe l'engagement, et aller voir ailleurs. Il se rassurait en se répétant que la Poufsouffle avait accepté cette étrange relation et qu'il lui avait bien spécifié qu'il ne lui rendrait pas de compte. Cependant, c'était comme dans le métier d'Auror, ce n'était pas parce qu'on s'associait avec un malfrat qu'on appliquait ses méthodes. Donc, si Candy ne se respectait pas, ce n'était pas une raison pour que lui aussi ne la respecte pas.

Mais plus étonnant encore, il se sentait coupable par rapport à Lily. Et il ne savait même pas pourquoi. La seule chose qu'il savait, c'est qu'il ne pouvait pas jouer sur deux tableaux en même temps, se jouer de deux filles           _ même si l'une était d'une possessivité maladive et l'autre d'une santé nerveuse quelque peu hasardeuse.

C'est pour ces raisons que James se dirigeait vers l'appartement des préfets de Poufsouffle. Il aurait préféré un autre endroit comme lieu de rendez-vous mais Candy avait insisté. Il n'était pas très enjoué à l'idée de se retrouver là où ils avaient commencé leur pseudo relation et il soupçonnait d'ailleurs la jolie blonde de faire passer un message par le biais de ce lieu. Lui voulait lui faire passer un tout autre message.

Le jeune homme passa le tableau d'un pas pressé et retrouva Candy assise sur le même canapé avec aussi peu de vêtement que la première fois. Elle tourna la tête vers lui à son arrivée et afficha un petit sourire suffisant quand il croisa son regard. Elle ne devait vraiment pas se douter de ce qu'il allait dire.

          _ Je le savais bien ! J'ai eu raison de ne pas écouter Naomie qui me disait d'aller te chercher ! Je le savais que tu reviendrais par toi-même ! s'exclama-t-elle, fière d'elle.

          _ Candy, attends avant de...

          _ Non, laisse-moi parler. J'ai des choses à te dire, clarifia-t-elle, son sourire s'agrandissant. D'abord je suis heureuse que tu sois enfin revenu à la réalité, tu t'es enfin remis les idées en place et tu as compris que c'était à toi de t'excuser. Je ne vais pas être chiante, je te pardonne pour ta petite mésaventure. J'accepte de redonner une seconde chance à notre couple. Après tout, nous sommes faits l'un pour l'autre.

James se mordit la langue pour ne pas éclater de rire à l'entente de ses paroles. Il venait pour rompre et elle se faisait un film de mégalomane. Pauvre fille.

          _ De plus, j'ai trouvé la preuve de ce que j'avançais l'autre jour, poursuivit-t-elle, jubilant. Et j'avais tellement raison que je n'ai même pas eu à chercher loin ! 

James fronça les sourcils, se demandant ce qu'elle avait encore trouvé pour l'embêter. Si elle croyait qu'en cassant Lily, elle allait avoir une récompense, elle se trompait lourdement.

          _ Stella ! Viens raconter à Jamie ce que tu m'as dit hier ! s'écria Candy en se tournant vers la porte de sa chambre entrouverte.

La jeune femme aux cheveux roux sombre apparut dans la pièce, les épaules voûtées et la tête basse. L'étudiant fut très étonné de la voir ici. Il était vrai que depuis qu'il sortait avec Candy et que son obsession pour Lily était revenue, il n'avait pas eu le temps de beaucoup traîner avec elle, qui semblait de toute façon s'être éloignée ; elle semblait ne pas du tout apprécier la présence de Candy à contrario de celle de Lily. Connaissant cette mésentente entre la Poufsouffle et la Gryffondor, il fut doublement surpris de les voir s'associer           _ surtout pour descendre Lily.

          _ Excuse-moi pour ce qui va suivre, James, souffla Stella, une mine déconfite peinte sur son visage, je n'aime pas te faire du mal.

Une lueur éclaira son regard vert pendant un temps, quelque chose d'intense et de tendre. Une lueur amoureuse. Puis elle disparut dans les reflets sombres de ses yeux pour afficher une colère sourde.

          _ Mais ce n'est pas moi qui te fais du mal. Tu vas souffrir à cause d'elle !

          _ Elle, qui, Stella ? demanda James perdu.

          _ Ta chère Evans, bien sur ! répondit Candy à la place de la jeune fille qui avait à nouveau baissé la tête. J'ai entendu votre conversation Samedi soir, à toi et aux maraudeurs. Alors comme ça, tu la voyais à poil ? Et en bon gentleman, tu avais l'impression d'être un vilain voyeur, se moqua-t-elle en faisant une moue de compassion. Que dirais-tu si je te disais que ta sale rousse était au courant et qu'elle se fichait bien de toi ?

James, furieux, serra les poings pour ne pas exploser et la frapper d'entendre de pareilles bêtises. 

          _ Et tu la laisses dire des trucs comme ça sur ta meilleure amie ! s'emporta-t-il à l'encontre de Stella. Tu n'as pas honte ?! Entrer dans le délire de cette cinglée !

Il envoya un regard mauvais à Candy qui perdit un peu de sa superbe.

          _ Au début, j'ai tout rejeté comme toi, sanglota Stella, affolée. Pitié, ne sois pas en colère contre moi, je ne veux que t'aider. Et puis un doute s'est formé dans mon esprit et j'ai fouillé dans ses affaires pour voir si quelque chose de suspect était là. Je n'aurais pas dû, pardonne-moi. Je l'ai fait pour toi, je ne supporte pas de te voir souffrir. J'ai...

          _ Elle a trouvé deux livres dissimulé sous son lit, s'agaça Candy en coupant la parole à Stella, trouvant certainement qu'elle mettait trop de temps à raconter sa fabuleuse découverte.

La rousse en larmes tendit les livres à James qui lut prestement les noms des ouvrages : «  La vision déformée des lunettes en 10 sorts » et « Les lunettes : le miroir de la vue ».

          _ Rien ne prouve que Lily les a lus et utilisés, répliqua-t-il, glacial.

          _ Regarde à l'intérieur avant de parler, répliqua Candy sans se démonter.

Il ouvrit un des livres aux pages marquées et des sueurs froides vinrent se loger dans le creux de ses reins. Trois petits mots écrits en lettres lumineuses et magiques fissurèrent sa colère pour laisser place à un doute affreux. « Capable de faire » était entrain de se graver avec douleur dans son esprit. L'écriture à l'aide de magie était encore plus difficile à imiter que celle à la main car le sorcier n'écrivait pas les mots mais les notait mentalement. Et il reconnaissait l'écriture fine et délicate de Lily, encore plus parfaite que celle écrite de sa main, tout en courbe et arabesque. Un véritable crève-cœur.

Feuilletant plus rapidement les ouvrages, il découvrit d'autres notes : « Impossible »           _ « Trop Compliqué à faire »           _ « Faire ça lundi »           _ « Surtout : se concentrer sur James et uniquement lui »           _ « Penser à ses yeux chocolat et son regard rieur », qui mirent fin à la méfiance dont il avait fait preuve devant ce fait flagrant. Il ne trouvait rien à redire pour contrer ces preuves, il détestait ça. Pire encore, d'autres petits éléments vinrent se rajouter et consolider cette possibilité. Tout se mis en place dans sa tête, tel un puzzle destructeur. Pourquoi à l'instant où elle avait voulu être proche avec lui, elle lui apparaissait en dessous, pourquoi quand elle l'avait rejeté, elle ne le faisait plus, pourquoi dans le bain elle avait réussi à se couvrir – elle devait avoir augmenté la puissance du sort.

Il n'en revenait pas. Il n'était qu'un sombre idiot ! Elle se fichait de lui depuis le début. Elle n'en avait rien à faire de lui, elle jouait la comédie pour le rabaisser, rien de plus ! Elle était forte, ça il fallait le dire. Réussir à ce qu'un Potter s'écrase autant pour une femme était peu commun. Elle avait tout gâché. Elle avait bien dû se marrer à l'imaginer se torturer la conscience de la voir si peu vêtue sans son autorisation. Tout n'était qu'une mascarade ! Elle avait dû bien se marrer aussi de le faire croire à cette maudite possession de rêve. Là aussi, qu'est-ce qu'elle avait dû jubiler quand il ne bronchait pas à ses sautes d'humeur. Qu'est-ce qu'elle avait dû s'amuser à pouvoir le traiter comme un chien et l'allumer juste après ! Il se sentait nauséeux. Comment pouvait-elle lui faire subir tant de souffrances pour rien ? Pour un plaisir cruel et vicieux ? Pourquoi l'univers chantait-il ses louanges quand il l'embrassait alors qu'elle était pire que le diable ?

Une colère sourde s'empara de lui. Il avait besoin de déverser sa haine sur elle, lui demander, lui hurler que la supercherie était finie. Il balança les livres avec une force non contenue et s'en alla sans prêter attention à la blonde sous le choc et la rousse en pleurs.

Il se rendit à la bibliothèque tel un automate, cherchant à tout prix à ne pas laisser les pensées affluer dans son esprit, il sentait qu'il allait devenir dingue. Ça faisait trop pour un seul homme ; cinq ans de rejet, des disputes, des insultes, des rapprochements, des éloignements, d'autres insultes, de la peine, de la douleur, des rêves soit disant volés et modifiés, des inquiétudes à son propos, du souci, des soucis. Il n'en pouvait plus, il était fatigué. Il ne pouvait pas supporter en plus qu'elle l'ait fait exprès. Non, tant que c'était à cause d'un criminel, il pouvait faire cet effort pour elle, mais là, ce n'était plus possible.

Arrivé à sa hauteur, il lui empoigna le bras fermement et lui intima le silence en posant la main sur sa bouche. Elle écarquilla les yeux et se mit à blêmir. Il la traîna en dehors de la salle remplie de livres et la lâcha enfin dans un couloir désert. Son contact le brûlait. 

          _ Comment oses-tu ? hurla-t-il en laissant exploser sa colère et en la faisant sursauter par la même occasion.

          _ Ça va pas d'hurler comme ça ! De quoi tu parles, Potter ?!

Malgré son haussement de ton, une crainte était peinte sur son visage. Et vu son énervement qu'il avait du mal à contenir, elle avait raison de le craindre.

          _ Ne joue pas à la maligne, Evans, cracha-t-il comme si c'était une insulte. Tu t'es bien foutu de moi, hein !

L'utilisation de son nom de famille lui fit écarquiller encore un peu plus.

          _ Tu as bien dû te marrer, ah ça je n'en doute pas, poursuivit-il, amer. Et si je me montrais à moitie nue sous le nez d'un garçon amoureux transi de moi ? Si je riais de ses réactions et de la honte qu'il éprouve parce qu'il pense que je ne suis pas au courant ? Si je me foutais complètement de lui en inventant  des rêves qui me permettent de venir et de partir sans excuses ?

Aussitôt la fin de sa dernière phrase prononcée, une main s'abattit sur sa joue avec fermeté. Il retourna sa tête vers la responsable de cette gifle et la découvrit tremblante comme une feuille  ainsi que pâle comme un cadavre. Il se met à rire sans aucune joie.

          _ Et c'est toi qui me gifle ? Tu te réserves encore ce droit ? Décidément, j'aurais été trop bon jusqu'au bout. Par contre, ne t'avise plus jamais de recommencer si tu tiens à rester intacte. Je n'ai jamais touché une femme, mais je crois que je t'ai suffisamment laissé de liberté pour commencer à me défendre.

Quelques minutes passèrent. Que faisait-il ici ? Elle n'avait même pas pipé mot, elle ne s'était pas défendue, pas insurgée en hurlant que c'était faux. Plus monstrueux encore, elle n'avait même pas tenté de s'excuser, de se faire pardonner comme tout être avec un bon fond. Il n'avait plus rien à faire ici, il avait la confirmation de sa crainte, ce n'était pas un stratagème monté de toutes pièces par Candy et Stella.

James tourna les talons et commença à s'en aller.

          _ Je... Je... souffla Lily d'une voix chevrotante.

Trop tard. Il n'avait plus envie de rester en sa présence, ça le tuait. Il accéléra le pas, se laissant guider par ses envies sombres. Il prit vaguement conscience qu'il était dans une salle de classe désaffectée. Le visage de Lily le hantait encore et faisait augmenter sa rage. Horrifié, livide et coupable. Fantomatique. Mais de toute façon, qu'était-elle d'autre à part un fantôme d'elle-même ?

Stop ! Il en avait par dessus la tête d'analyser les choses la concernant, d'analyser son attitude, ses habitudes. Ça suffisait de se préoccuper de cette maudite fille ! Elle n'aurait pas pu être une simple amourette ? Non bien sûr, c'était trop simple, il fallait qu'il s'accroche à elle comme un dingue, au point de laisser sa dignité de coté.

Furieux, encore une fois, de penser à elle et de ne pas arrêter, il souleva une chaise et la fracassa sur le bureau en face de lui. Le bois explosa en milliers de fragments qui s'éparpillèrent tout autour de lui. Il balança avec rage le morceau de chaise qu'il lui restait pour le regarder s'écraser contre le mur. Il continua le massacre de la classe pendant plusieurs heures, sa colère ne s'évanouissant pas.

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On pouvait voir le ciel commençait à s'éclaircir à travers les carreaux crasseux de la pièce, pour prendre une teinte bleue-grise. L'aube n'allait pas tarder à apparaître. James allait devoir rentrer avant que les Maraudeurs découvrent qu'il avait découché et qu'ils commencent à se poser des questions. De toute façon, il devrait bien sortir un jour de cette salle de classe poussiéreuse, recouverte de morceaux de bois et de verre éparpillés. Il se leva difficilement, subissant de légers vertiges. 

Il commença à regretter d'avoir déchargé sa colère si vite, car maintenant il ne lui restait plus que la peine et le sentiment d'être trahi par son âme sœur. Un véritable déchirement.

Ce n'était pas bon, il ne fallait pas qu'il retombe dans cette mélancolie qui avait bien failli l'enfermer complètement dans la douleur. Il voulait retrouver la force haineuse qui l'avait habitée. Ça l'aidait à avancer, ça l'aiderait à ne pas se ramollir au souvenir de son visage.

Une fois arrivé devant le tableau de la Grosse Dame, la rage était de retour. Et la raison était simple : Lily était assise devant, le regard perdu et le teint encore plus blafard. Il en avait marre de sa comédie, n'arrêterait-elle donc jamais ?!

          _ Dégage de là Evans, tu me gênes, claqua-t-il froidement.

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