mercredi 20 février 2013

Chapitre 5 - Moi, Lily, Artiste Céleste




✭                      Distraction                     

  Chapitre 4                                                                                                           Chapitre 6 

Sirius devait faire un choix. Était-ce plus important de la consoler en la câlinant ou de mettre les choses au clair sur la soirée et surtout la nuit d’hier ?


Peu importe ce que Dereck avait fait, il ne pouvait pas se permettre de la consoler sans que les choses soient proprement expliquées. Le beau Black ne souhaitait en aucune façon que Lily puisse penser qu’il profitait de la situation ou bien encore qu’il désirait se comporter comme un petit ami maintenant qu’il avait couché avec elle lors d’une soirée arrosée.


Non, lui ce qu’il voulait c’était redevenir l’ami et le confident, celui avec qui elle était proche sans pour autant qu’elle se sente gênée. Il voulait bien lui faire comprendre que la nuit qu’ils avaient passée ne devait pas recommencer. Mais il ne pouvait pas le lui dire aussi crûment, elle allait mal le prendre, c’était sûr. Il imaginait déjà l’offense se dessiner sur son joli visage s’il amenait les choses de cette manière. Elle compléterait sûrement son expression avec une phrase telle que “ça semble si évident ce que tu dis, que je ne comprends même pas pourquoi tu le précises. Tu crois quoi, que pour moi ça pouvait en être autrement ?” et à partir de là, elle serait plus froide et ça, il ne le fallait pas.

Il fallait donc que Lily soit la première à exprimer ses ressentis et sa décision sur les évènements de la nuit dernière. Sirius était quasiment sûr qu’elle en arriverait à la même conclusion que lui et le fait de la laisser dire avant d’exposer son propre avis permettrait à la jeune femme de mieux accepter son désir à lui.

          « Comment vais-je faire ? se lamenta la rouquine en pleurs, il était si furieux...

          _ Lily, l’appella le jeune homme en s’asseyant sur le canapé pour s’approcher d’elle, il faut que tu arrêtes de penser à lui. Laisse-le de côté.

          _ Le laisser de côté ?! répéta-t-elle une octave au dessus, pour quoi faire ? Pour laisser passer ma chance d’être aimée et devenir malheureuse pour le reste de ma vie ?!

          _ Mais qui t’a mis dans la tête que Dereck est toute ta vie ? Ton bonheur ne dépend pas de lui !

          _ Et bien tu te trompes ! s’écria-t-elle, l’irritation perçant dans sa voix, sans trop savoir ce qui la déclenchait. Sinon je n’aurais pas mal comme j’ai là de l’avoir vu partir...à nouveau...avec encore plus de mépris pour moi que la première fois.
          _ Mais ce n’est qu’une impression passagère ! Tu verras, ça va passer, Lily.
          _ Et si je ne veux pas que ça passe ?! Vous semblez tous oublier que moi je n’ai pas décidé de le quitter, j’étais bien avant, moi !
          _ Lily, sois raisonnable, tu sais très bien que ce n’est pas possible de rester avec quelqu’un qui ne veut plus de nous ! »

Le jeune homme se mordit la langue dès qu’il eut prononcé sa phrase. Il la regretta aussitôt et s’en voulut ; il savait qu’il venait de la blesser, certes involontairement, mais cela ne changeait rien au résultat.
Il ne tarda pas à avoir la confirmation de ses soupçons puisque la jeune femme marqua un temps d’arrêt, elle devint livide, ses traits se firent plus durs et le feu de la colère s’alluma dans ses prunelles vertes claires.

          « Oh mais si qu’il voulait de moi ! La preuve, on serait ensemble à l’heure d’aujourd’hui, très certainement en train de faire l’amour, si tu ne m’avais pas fait ces foutues marques ! l’accusa-t-elle rudement en pointant un doigt vers son cou.
          _ Comment peux-tu me le mettre sur le dos ! s’indigna-t-il, trouvant injuste qu’elle s’en prenne à lui sous prétexte qu’il l’avait vexée. T’étais plus que consentante, je te rappelle !
          _ Consentante ?! J’étais loin d’avoir toute ma tête ! affirma Lily pour se rassurer. Je suis complètement folle quand je bois autant !
          _ C’est toi qui m’a sauté dessus ! s’énerva Sirius, à présent vexé qu’elle rejette en bloc sa part de responsabilité dans cette histoire. J’étais en train de dormir sur le canapé !
          _ Mais bien sûr ! répondit-elle avec une ironie acide. Sirius est un saint, Sirius est un innocent, Sirius dormait paisiblement et ne m’a pas du tout tripotée !
          _ Et toi non plus tu n’as pas été en reste ! Tu m’as déshabillé ! Alors assume ce que tu as fait au lieu de te cacher derrière ton image de pauvre victime sous l’emprise de l’alcool !
          _ Vas-y ! se mit-elle à crier. Dis-le ! Ça va te faire du bien, tu vas voir ! Je suis une allumeuse ! Je suis une fille légère ! Là, c’est bon ? T’es content ?! »

Les larmes coulèrent de ses yeux humides, ses poings étaient serrés et tout son corps tremblait de colère et de honte. Au fond d’elle, la jeune Evans en voulait à Sirius d’avoir gâché sa chance avec le blond charismatique. Elle ne se l’avouait pas mais c’était en fait à elle qu’elle en voulait. Cependant, cette pensée était trop difficile à assumer et rejeter la faute sur le beau Black en niant son implication dans l’erreur de la nuit dernière, était un chemin plus facile à pendre.

          « Mais qu’est-ce qui te prend, à la fin ?! répliqua le jeune motard excédé et perdu. Tu racontes n’importe quoi !
          _ Je raconte n’importe quoi ? Et ben à quoi ça sert de rester avec moi alors ?!
          _ J’étais venu là pour qu’on discute de ce qu’on avait fait...
          _ Discuter de quoi exactement ?! répondit sèchement Lily avec douleur, du fait que ça a fait fuir Dereck et que maintenant c’est fini, il ne veut plus de moi !
          _ Mais putain ! s’excéda-t-il. Il n’y a pas que Dereck dans la vie ! Arrête de tout voir par lui, en fonction de lui, en rapport avec lui ! Lui et toujours lui ! Détache-toi, bordel ! »

Les remarques de Sirius heurta Lily qui se leva d’un bond, se dirigea vers la porte d’entrée de son appartement qu’elle ouvrit à la volée. Elle pointa ensuite le couloir, se tenant droite comme un “i” devant la porte, le visage dur.
          « Vas-t’en ! s’écria-t-elle. Tu juges ? Alors dégage !
          _ Très bien ! abdiqua Black en se levant, contrarié que la situation soit tellement à l’opposé de celle qu’il avait prévue. Je me demande bien pourquoi je suis venu, moi !
          _ T’as raison, pose-toi la question...répéta-t-elle acidement pendant qu’il passait la porte. »

Puis Lily la ferma sans attendre une réponse de la part du jeune homme. Elle se rua par la suite sur son canapé pour aller frapper les coussins qui étaient posés dessus. Une fois la colère déchargée, la fatigue vint faire sa loi et ses yeux tristes se fermèrent tout seul. Elle se dirigea vers son lit machinalement s’y laissa tomber.


L’édifice semblait plus impressionnant en pleine nuit. La pénombre rendait les petites briques grises invisible à l’oeil nu, ne laissant plus qu’une grande masse noire à contempler. Il n’y avait pas de moment plus calme que celui-là, l’aube et les matinaux ne s’étaient pas encore levés et les lumières de la rue avait été éteintes depuis une heure déjà. Que ce soit la ville ou la campagne ne semblait plus compter, que ce soit l’été ou l’hiver ou bien les États-Unis ou l’Angleterre, ce moment semblait immuable.
Seul un petit carré de lumière situé au deuxième étage éclairait cette immensité de calme et d’obscurité.

Assis sur un banc en face de l’immeuble, Remus était quelque peu préoccupé. L’éclairage qui émanait de cette fenêtre aurait dû être éteint depuis longtemps déjà. Ce n’était pas dans les habitudes de Lily de rester éveillée, dans son appartement, jusqu’au bout de la nuit. Soit elle sortait, soit elle allait se coucher. Alors, que faisait-elle ?

Quelques heures auparavant, il avait vu Sirius sortir du bâtiment, puis mettre un coup de pied énergique dans une canette qui traînait sur le sol avant de partir à vive allure en moto. Même avec la rue les séparant, emmitouflé dans son écharpe et ne bougeant que très peu pour ne pas se faire remarquer, Remus avait pu apercevoir le visage en colère de Sirius. Que s’était-il passé entre eux ? Pas plus tard qu’hier, il était prévu qu’ils sortent ensemble pour que Lily s’aère l’esprit. Était-il arrivé quelque chose de fâcheux pour qu’ils en arrivent à se disputer ? Le bel Ange Gardien avait redouté que la soirée ne dérape et il s’inquiétait maintenant de savoir s’il avait eu raison.

Remus se leva finalement et décida d’y aller coûte que coûte car le ciel commençait déjà à reprendre une teinte bleutée ; l’aube n’était plus bien loin et il avait une mission à accomplir. Resserrant son manteau autour de lui, il traversa tranquillement la rue déserte du centre d’Illuway et passa sous l’épaisse arche en pierre blanche décorant l’entrée de l’édifice.

Une fois arrivé devant l’appartement de Lily, il mit les clés dans la serrure avec empressement et discrétion puis pénétra dans l’agréable salon de sa Céleste préférée. Il put enfin souffler de n’avoir croisé personne à la réception, ni dans l'ascenseur ; il n’aurait pu passer inaperçu, l’immeuble étant un petit deux étages, les locataires se connaissaient presque tous. Cela irritait d’ailleurs la jolie rouquine, qui n’aimait pas que ses voisins connaissent ses moindres faits et gestes.

Les couleurs taupe et blanche du salon réchauffait le jeune homme presque autant que la douce température qui régnait dans l’appartement. Cependant, il fronça les sourcils en voyant les coussins éparpillés et les affaires posées sur la table basse en désordre. Il frôla les épaisses colonnes carrés qui soutenait la mezzanine et grimpa les escaliers en colimaçon pour se rendre dans la chambre. Il aperçut enfin Lily sous les draps et fut soulagé de la voir là.

Remus était intrigué et curieux de savoir ce qui avait bien pu se passer. Il se dirigea néanmoins vers la jolie coiffeuse de sa Céleste, prit le flacon de parfum en verre taillé et le remplaça par un autre, identique en tous points à un petit détail près que seul lui remarquait. Une fois sa mission accomplie, il n’eut pas le coeur de repartir dans le froid de la rue ou même dans le vide de son propre appartement.

Et puis, il se trouva une excuse en or : il fallait bien qu’il s’assure qu’elle se mette du parfum aujourd’hui. La Dirigeante, Taylor Hensen, ne lui avait-il pas dit que c’était son devoir de s’assurer que tout se déroulerait correctement pour la création de sa si précieuse Élue ?
Il alla donc se cacher dans la penderie de la jeune femme mais ne referma pas complètement les portes pour pouvoir admirer une Lily endormie.


Deux heures plus tard, la jeune femme se réveilla difficilement. On pouvait aisément remarquer que ses traits étaient tirés par la peine et les regrets. Elle ne chantonna pas comme elle avait l’habitude de le faire, elle ne mit pas de musique pour danser. Elle fit simplement les gestes qui lui permettraient de se préparer pour aller au travail. Elle se leva, s’habilla, se coiffa, se maquilla puis se parfuma avant de descendre dans le salon où un petit coin cuisine était aménagé.

Pendant qu’elle buvait les premières gorgée de son jus d’orange, l’image d’une mèche de cheveux argentés lui vint à l’esprit. Puis, une dizaine de minutes plus tard, un autre flash créa une image très précise dans son esprit où elle voyait deux yeux en forme d’amande couleur aigue-marine. L’estomac de Lily cria famine à cet instant précis et elle se résigna à faire cuire du bacon et des oeufs. Elle n’avait jamais faim le matin sauf quelques fois comme aujourd’hui. Elle ne comprenait pas ce changement d’attitude de la part de son corps mais elle ne s’amusa pas à essayer de sauter le petit déjeuner ; la dernière fois qu’elle avait fait ça, elle avait fini par s’évanouir au travail.

Remus sortit de sa cachette, restant tout de même à l’étage et observa la rouquine manger tranquillement. Il appuya sa tête contre la rambarde en acier de l’escalier et se mit à rêver de pouvoir partager une vie paisible avec elle, rempli de petits moments comme celui-ci mais où il pourrait être assis à la table, en face d’elle, à lui caresser l’épaule, le bras, la main ou bien encore la joue. Si seulement...

Lily avait le regard perdu, elle avalait la dernière bouchée de la bonne assiette qu’elle s’était cuisinée. Maintenant, les yeux en amandes étaient surmontés de cils dont la racine était châtain mais finissait par des pointes argentées. Les sourcils, eux, conservait une couleur caramel unie et formaient deux circonflexes droits mais doux. Ils donnaient au un air sérieux et rendaient le regard pénétrant.
La rouquine était captivée par l’image qui était en train de se faire dans sa tête. Elle ressentait une sorte d’envie impérieuse de connaître les moindres détails de ce visage, de cet être qui sortait tout droit de son imagination. C’était...captivant et hypnotisant.

Night, son petit messager, la sortit de sa rêverie en apparaissant devant ses yeux et en piaillant gaîment “Travail ! Travail ! Travail !”. Lily sursauta quelque peu et se reconnecta à la réalité. Elle lui jeta un regard attendri avant de se lever pour partir ; ce petit oisillon était décidément trop mignon.


James se regarda une dernière fois dans le grand miroir du hall de son manoir en jolies pierres taillées. Il avait récemment décidé de couper ses cheveux ce qui lui enlevait son côté gamin qu’il avait longtemps conservé, pensant que les gens remarqueraient moins son nez et s’attarderaient plus sur sa chevelure indomptable.
Et oui, beaucoup auraient rit ou auraient été étonné de l’entendre, mais James Potter, tout espiègle et charismatique qu’il était, complexait sur son nez. Il le trouvait trop droit, trop rond. Il enviait les petits blondinets et leur foutu nez en trompette.

Attention, il ne se plaignait pas de son physique, James savait qu’il était plutôt beau garçon et que son grand atout était ses yeux chocolats incrustés de petits éclats dorés. Il avait décidé de les rehausser par des lunettes en acier à monture ronde, pour le côté chic et espiègle qui le caractérisait bien. Et puis un peu de rondeur dans ce visage qu’il trouvait trop anguleux ne faisait pas de mal.


Aujourd’hui il était de bonne humeur. Un peu plus encore que les autres jours. Il jeta un regard à sa montre et sourit. Il était 12H30 et c’était l’heure parfaite pour se rendre sur la place centrale de la petite ville d’Illuway.
Il fallait qu’il pense d’ailleurs à remercier Olive, la petite assistante de la galerie d’art, qui avait été bien gentille...et trop bavarde pour son bien. Grâce à elle, le jeune homme en connaissait un peu plus sur la jolie artiste qu’il avait rencontrée. Par exemple, le fait qu’elle déjeunait au parc de la place à chaque fois que c’était un jour de beau temps. Il comptait bien utiliser cette information pour la rejoindre et avoir la chance de discuter avec elle dans un cadre moins professionnel.

Il se répéta doucement son nom. Lily Evans...Elle était jolie et talentueuse. C’était charmant. Quelque chose dans sa façon d’être l’attirait et lui donnait envie de plus la connaître plus encore.

Le beau Potter se transplana donc à l’entrée du parc. Une rue assez passante séparait le parc de tous les commerces qui entouraient cette place, dont la fameuse galerie d’art, bien sûr.
Avec ravissement, il aperçut la jolie rouquine sur un des bancs du parc. Sur ses genoux délicieusement crémeux était posé son déjeuner dans une assiette. Le haut de ses jambes était recouvert par une jupe droite noire. Son chemisier était vert pistache et comportait de petites manches courtes et d’un léger mais néanmoins agréable décolleté. Elle avait aussi détaché ses cheveux ce qui lui allait à ravir. Elle était assez légèrement habillée en comparaison à la température ambiante et le jeune homme se demanda comment elle faisait pour ne pas avoir froid ; lui était bien content d’avoir mis un blouson en cuir caramel par dessus son pull à col roulé noir et son jean.

Il avança tranquillement vers elle, assez sûr de lui et de son  plan. Il faut dire que James avait tout prévu et lui avait apporté une petite surprise, il était donc quasiment sûre de lui faire plaisir et de placer la rencontre dans un axe positif.


Qu’est-ce qu’elle avait faim aujourd’hui, c’était terrible. Lily remarqua avec une certaine frayeur qu’elle n’était décidément pas une fille comme les autres. En temps normal, elle était posée, plutôt frileuse, petite mangeuse et très instinctive dans ce qu’elle peignait. Et puis certains jours, elle ne savait pas ce qui lui prenait mais elle se retrouvait à avoir très chaud, à être affamée et à avoir une image précise et détaillée de ce qui fallait qu’elle retranscrive sur une toile. Une partie d’elle avait très envie de courir chez elle pour commencer à peindre cette femme qui se faisait de plus en plus présente dans son esprit.

La jeune femme releva la tête, sa dernière bouchée étant maintenant dans sa bouche, son assiette ne comportait plus aucun intérêt. Elle fut surprise de voir l’homme un peu étrange de l’autre jour s’avancer devant elle.
Non, elle n’hallucinait pas, c’était bien dans sa direction qu’il marchait et puis d’ailleurs, il la fixait. Qu’est-ce qu’il lui voulait ? Et pourquoi l’avait-il suivie ? Elle déjeunait tranquillement, elle n’avait pas très envie d’être dérangée.

          « Bonjour Miss Evans, la salua-t-il doucement, puis-je m’asseoir à vos côtés ?
          _ Euh...hésita la jeune femme, prise au dépourvu par tant de rentre dedans. Oui, oui, si vous y tenez...Et bonjour à vous aussi.
          _ Je ne sais pas si vous vous en rendez compte mais cette couleur de chemisier vous va à ravir, la complimenta-t-il spontanément avec l’envie quelque peu taquine de la faire rougir.
          _ Eh bien...répondit Lily en rougissant ce qui provoqua un petit sourire victorieux de la part de James qu’elle ne remarqua pas. Non, j’avoue que je n’ai pas fait attention en m’habillant ce matin, je voulais juste mettre quelque chose de pas trop chaud.
          _ C’est étonnant comme envie pour une fin Novembre rigoureuse. Ç’en est même assez impressionnant. Je serais personnellement incapable de m’habiller comme vous !
          _ Vous me rassurez, je vous signale que je suis en jupe ! »

James ne put s’empêcher d’éclater de rire et il vit que cela fit relativement plaisir à la jolie rouquine de provoquer ce genre de réaction chez lui. Peut-être était-ce simplement une question d’égo mais au moins, c’était positif.

          « Je vous ai apporté un petit dessert, reprit-il en lui tendant une petite boite transparente d’où l’on pouvait voir une sphère parfaite et brillante de chocolat blanc posée dans un délicat écrin de petits fruits colorés finement coupés et disposés avec quelques perles saveur café parsemées ici et là. Considérez que c’est un petit remerciement pour le futur achat d’un de vos tableaux.
          _ Wow ! s’exclama-t-elle en admirant le dessert finement réalisé, ignorant de ce fait la remarque sur la vente de ses créations. Je n’ai jamais vu un dessert aussi beau, je suis épatée ! Mais pourquoi voulez-vous me le donner, qu’attendez-vous de moi ?
          _ J’attends de vous que vous le goûtiez et que vous me disiez ce que vous en pensez. Rien de plus, je vous l’assure. C’est une petite attention anodine parce que j’aime votre galerie d’art, répondit-il avec un sourire qu’il espérait rassurant. Allez-y, dites-moi si ça répond à vos attentes. »

Le beau Potter ouvrit la boite en plastique pendant que Lily prenait une petite cuillère dans son sac à déjeuner. Elle hésita quelques secondes, méfiante, avant de finalement se lancer ; après tout, elle ne risquait pas grand chose.

Pour prendre le dessert qu’il lui tendait, elle fut obligée de toucher ses mains. Il ne put s’empêcher d’apprécier la douceur de ce contact. Elle était délicate même dans ce genre de geste simple et sans équivoque. Son esprit se plut à imaginer le temps d’une seconde ce que cette douceur provoquerait dans le creux de son cou ou sur ses joues pendant que ses belles lèvres d’un rose adorable s'entrouvriraient à l’approche des siennes.

La jeune artiste n’avait pas remarqué les yeux dans le vague de Mister Potter, trop occupée qu’elle était à craquer la fine couche de chocolat blanc et à découvrir avec plaisir une glace à la framboise à l’intérieur. Elle porta la cuillère à ses lèvres et dégusta avec délectation cette première bouchée si goûteuse et si délicate.

          « C’est tout simplement une merveille, souffla-t-elle après avoir pris le temps de profiter de sa cuillerée. Il faut absolument que vous me donniez le nom de votre pâtissier !
          _ Mon pâtissier s’appelle James Potter, répondit-il humblement mais sans se défaire de son petit sourire amusé.
          _ Vous vous moquez de moi, là ? Vous n’allez tout de même pas me dire que vous avez fait ça tout seul ?
          _ Non, non, je ne me moque pas, je suis sérieux.
          _ Je suis éberluée, je n’arrive pas à y croire.
          _ Demandez-moi n’importe quoi et je vous le cuisinerais avec plaisir. J’aime bien cuisiner pour les gens comme vous.
          _ Les gens comme moi ? Qu’est-ce que cela signifie ? demanda Lily avec curiosité.
          _ Les artistes de talent, répliqua-t-il fier de son compliment qui rappelait à la jeune femme qu’il souhaitait toujours acquérir ses tableaux.
          _ Je ne suis pas achetable, Mister Potter ! le réprimanda-t-elle avec pointe d’amusement dans la voix. Même avec un dessert aussi succulent, je n’ai toujours pas changé d’avis.
          _ Le dessert n’était pas pour vous amadouer. J’ai d’autres armes pour ça ! Mon charme irrésistible, par exemple... »

Lily eut un petit rire amusé par la réplique humoristique de l’élégant Potter. Et il remarqua que lui aussi, il prenait plaisir à la voir rire de ses phrases.

          « Et bien malgré ça, tout votre charme ne suffira pas à échapper au fait que je vais devoir retourner travailler.
          _ C’est bien dommage, votre compagnie m’est agréable.
          _ Merci, souffla-t-elle légèrement rougissante. Pour le compliment et le dessert, il est tellement délicieux que je l’ai entièrement fini...chose que je ne fais jamais.
          _ J’en suis très flatté !
          _ Vous allez me prendre pour une ogresse, se lamenta la belle artiste.
          _ Allons, ne dites pas n’importe quoi, la rassura James avec sérieux et douceur, vous ressemblez à une princesse, pas à une ogresse ! Aucune ogresse au monde ne déjeune avec autant d’élégance que vous. Et votre appétit est juste la preuve que j’ai réussi mon dessert, voilà tout. »

Elle ne trouva rien à redire à cette réplique agréablement rassurante. Elle préféra donc se lever et ranger son sac à déjeuner, comme elle l’appelait. Une fois sous son bras, elle regarda une dernière fois l’homme brun en lui lançant un timide « 

bonne journée Mister Potter

 » tout en souriant. Il lui souhaita aussi une bonne journée et lui confia qu’il espérait la revoir bientôt avant de se lever à son tour.

Ne souhaitant pas montrer qu’elle avait encore rougit, elle lui tourna les talons sans pour autant se défaire de son sourire. Il avait été divertissant et charmant, cela avait été agréable de passer un moment en sa compagnie. Oh elle ne s’emballait pas, bien au contraire, elle y allait presque à reculons. Elle n’oubliait pas comment elle l’avait trouvé étrange la première fois. Et puis il était si direct que cela en était déconcertant.
Cependant, elle avait appris à voir le côté positif des choses et il fallait avouer qu’il avait rendu son déjeuner sympathique. Et puis, qu’est-ce qu’il avait été bon, ce dessert !

Quelques minutes plus tard, le portrait mental qu’elle imaginait depuis ce matin lui revint avec plus de force encore. Pendant qu’elle discutait avec Mister Potter, plusieurs flash étaient passés devant ses yeux. Ses cheveux argentés s’étaient mis en cascade autour de son visage qui avait pris une forme douce mais d’un ovale appuyé. Ses boucles lisses ondulaient jusqu’à ses épaules droites. Son corps était celui d’une sportive : grand, élancé et mince, peut-être même un peu trop.

Plus la journée avançait, plus les détails venaient par dizaines. Elle avait tellement hâte de finir son travail pour pouvoir enfin peindre cette image qui ne cessait de hanter son esprit. Ce dernier était d’ailleurs tellement occupé qu’elle réussit à ne pas penser à Dereck de la journée entière.


Remus détestait les périodes comme celle-ci. Les Dirigeants l’avaient beaucoup occupé ces derniers jours et Ils l’occupaient encore à l’heure d’aujourd’hui. Il venait de passer huit heures à rester dans l’appartement vide de la fille qu’il avait terriblement envie de retrouver. Elle lui manquait tant. C’était un vrai bonheur de pouvoir travailler avec elle, cela les avait rapproché comme jamais et il ne se défaisait jamais de la fierté d’y avoir pensé. Et voilà qu’on l’en empêchait maintenant d’en profiter.

Grâce à ses sens de lycanthrope, il entendit les clés s’insérer dans la serrure de la porte d’entrée de l’appartement. Avec rapidité, il se cacha de manière à pouvoir surveiller ce que faisait Lily.

La jeune Céleste pénétra dans l’appartement en soufflant de soulagement. Elle laissa même échapper un « 

enfin

 » libérateur. Le moment était enfin arrivé de la peindre. Elle n’en pouvait plus, il fallait qu'elle commence vite car elle avait crut apercevoir sa création mentale dans le hall de l’immeuble, c'était effrayant. Avoir des hallucinations était un des signes flagrants qu’elle était arrivée à la limite de sa capacité à résister.

Elle aurait désiré ne jamais l’avouer à personne que ces journées particulières où son inspiration se faisait obsédante étaient couplées à des séances de peinture où elle se mettait nue. Pourquoi le faisait-elle ? Sur le moment elle ne se posait même pas la question, c’était plus évident encore que le fait qu’elle était une femme. Ça devait se dérouler comme ça.

Un à un les vêtements tombèrent sur le sol du salon comme des poids dont elle se libérait avec une sorte de bonheur présent mais étouffé par l’espèce de transe dans laquelle ses gestes la mettaient.
Elle se dirigea vers son coin d’artiste peintre, prit son pinceau et se mit à genoux devant la toile vierge, la regardant avec admiration. Devant ses yeux ne dansait plus que l’image de Mercédès. Oui, l’image mentale qu’elle avait imaginée depuis ce matin allait s’appeler Mercédès. Elle allait être intelligente. Elle allait être redoutable. Elle allait être puissante. Elle n’allait pas être une femme comme les autres, elle allait Diriger. Elle allait être vaniteuse et elle allait avoir besoin de reconnaissance, beaucoup de reconnaissance. Elle allait vouloir contrôler et se plairait à être considérée comme quelqu’un d’intouchable. Le pouvoir, la puissance, son pouvoir, sa propre puissance. Un être d’apparence solitaire mais qui allait avoir besoin de quelqu’un sur qui elle pourrait compter. Avec une fragilité perdue par la douleur d’avoir été humiliée, qui produirait la rage nécessaire pour avoir le talent et la persévérance.

Le jeune Lupin n’osait pas trop la regarder, ayant une peur extrême de devenir un sale profiteur d’Ange Gardien comme il en connaissait. Il avait un mépris profond pour ces collègues qui se permettaient de mâter les Célestes pendant leur séance de création. Heureusement, ce n’était pas la majorité qui commettait ce genre d’acte révoltant.

Cependant, il fut totalement soufflé par ce que l’aura de Lily dégageait. La dimension céleste prenait alors tout son sens. Elle était divine et pas seulement parce qu’elle était nue, juste parce qu’elle incarnait la grâce et la beauté en ce moment même. Son pinceau caressait doucement la toile, laissant sur son passage des traits plus ou moins fins mais toujours précis et élégants. La douce Céleste venait de finir une première prunelle qui était d’un réalisme plus saisissant encore que quand elle peignait dans son état normal. Elle déposait les couleurs avec naturel et magie, sans utiliser rien d’autre que son énergie, celle qu’elle conservait au fond d’elle, la fibre mystique de son être, de son âme d’ange descendue sur Terre.
C’était magnifique comme spectacle, il en était ému au point de sentir une larme couler le long de sa joue.

Soudain, brisant la splendeur du moment, Night apparut et piailla avec sa petite voix d’oisillon “Vous recevez un appel de...Anonyme ! Répondre ?” et le répéta plusieurs fois en passant devant une Lily sans réaction aucune à part celle de continuer à peindre, les yeux dans le vague.

Des sueurs froides coula le long du dos de Remus. Que devait-il faire ?


  Chapitre 4                                                                                                           Chapitre 6 


Le temps du vote est terminé !

Remus devait faire un choix. Devait-il répondre au Messager à la place de Lily ?
1 - Oui
2 - Non
[edit 24 Février 2013] Vous avez tranché, la suite a donc été écrite avec le choix n°1.
Pour voter à nouveau, il faut se rendre au dernier chapitre publié.


1 commentaire:

  1. Ouais ! Je suis dans les temps cette fois !
    Bravo Cassy, c'est génial ce que tu écris !
    J'ai passé un bon moment moi aussi en lisant le déjeuner :)
    Quant à la séance de peinture, elle est vraiment prenante elle aussi.
    Alors moi je vote pour... 1) que Remus réponde, juste pour voir ce que va provoquer l'interruption ! :)

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