mercredi 6 février 2013

Chapitre 9 - Une certaine vision des choses


Après cette annonce, James et ses amis allèrent manger. Il se demandait distraitement si Stella viendrait s'asseoir près de lui après les révélations qu'elle lui avait faites.

Il était en train de ranger ses petits pois par taille quand il sentit un parfum inconnu éveiller  ses sens. Il arrêta alors sa tâche d'une extrême importance, releva la tête et posa les yeux sur « le parfum ».

C'était, comme il s'en doutait à cause de la subtilité du parfum, une jeune femme. Elle était dos à la table, elle avait croisé les jambes et son coude était posé sur la table. Elle avait ouvert sa chemise d'uniforme plus que nécessaire, aussi bien que James voyait qu'elle ne portait pas de soutien-gorge et sa jupe semblait s'être grandement raccourcie, exhibant ses cuisses pâles.

          _ Bonjour, Candy Stinson, salua-t-elle en lui souriant.

          _ Bonjour, James...

          _ Potter, je sais ! le coupa-t-elle. Si je te dérange, c'est parce que j'aurais besoin d'aide.

À ses paroles, elle posa délicatement sa main sur son avant-bras et rapprocha son visage du sien.

Ses yeux bleu clair le fixaient avec une lueur conquérante et sa fine bouche ornée d'un léger gloss affichait un petit sourire en coin ; elle devait apprécier ce qu'elle regardait.

          _ Que puis-je faire pour toi, alors ? demanda le jeune Potter.

          _ Tu es le meilleur élève toute maison confondue en métamorphose et je suis malheureusement bien en dessous de la moyenne dans cette matière. Disons que je suis... distraite, dit-elle en affichant une moue moqueuse, amusée par sa propre excuse.

          _ Tiens, c'est marrant que tu dises ça Candy, intervint le séduisant Black avec un sourire à faire tomber Mcgonagall, parce que tout à l'heure je disais justement à mon ami combien j'étais doué dans cette manière alors...

          _ Black, je n'ai pas besoin d'un charmeur de service, j'ai besoin de remonter ma moyenne, coupa la jolie blonde, un brin agacée. 

La Poufsouffle – elle portait une cravate lâche jaune et noire – retourna à la contemplation de James, son sourire de retour.

          _ Voilà pourquoi j'aimerais que tu me rejoignes à la bibliothèque demain à 13 heures.

          _ Je ne sais pas vraiment si...

          _ Oh je t'en prie James, supplia-t-elle en faisant une moue triste, c'est vraiment important pour moi, j'ai vraiment envie de réussir mes A.S.P.I.C.s et ce n'est plus dans très longtemps !

          _ D'accord, céda-t-il en soupirant.

C'était peut-être une chance pour s'évader et penser à autre chose. Car il doutait sérieusement que ce soit uniquement pour ses devoirs, bien qu'étant une Poufsouffle, cela devait l'arranger. 

          _ Merci, merci, encore merci tu es adorable James Potter ! sautilla Candy en lui plaquant un baiser sonore sur la joue.

À ce moment-là, Stella apparut dans son champ de vision. Ses yeux verts forêt embués de larmes allèrent frénétiquement de lui à Candy. Puis une lueur de rage naquit alors quand elle posa son regard sur la main caressant son avant-bras. Elle s'en alla après cette brève contemplation.

James soupira et s'écarta de l'étreinte aguicheuse de cette blonde. Il retrouva Stella dans le couloir où il était lui-même, il y a plusieurs semaines. Elle pleurait silencieusement. Le cœur du jeune homme s'étreignit de culpabilité.

          _ Stella, pourquoi pleures-tu ? s'enquit-il en s'accroupissant à ses côtés.

          _ Laisse, c'est minable.

          _ Non, dis-moi Stella, nous sommes amis, tu sais.

          _ C'est bien ça le problème James, nous ne sommes qu'amis ! répliqua-t-elle en essuyant rageusement ses larmes avec ses manches.

          _ Je ne veux pas te blesser Stella, surtout pas. Mais je ne comprends pas, tu m'as aidé pour... et là...

          _ Mais ce n'est pas pareil ! Tu étais amoureux de Lily, tu l'es peut-être encore même, mais elle, tu t'en fiche complètement ! Et comme la plus imbécile des groupies de ton fan-club, j'ai espéré pendant une seconde que tu...

Les mots moururent dans sa gorge et elle ferma les yeux en soupirant.

          _ Que je ? l'encouragea le jeune homme.

          _ Que tu me choisirais quitte à sortir avec une fille dont tu te fiches éperdument, annonça la jeune femme en grimaçant comme si cette révélation lui brûlait la bouche.

Cela aurait été mentir de dire qu'il n'y avait pas pensé mais plusieurs raisons lui avaient dicté de ne pas se diriger dans cette voie.

C'était trop tôt, il en était dans sa période de déprime profonde et il ne comptait pas en sortir de sitôt. De plus, il ne voulait pas se servir de Stella comme un mouchoir, il ne voulait pas qu'elle soit la « fille d'après », celle dont on se sert pour noyer son chagrin. D'ailleurs, il n'aurait jamais pu le faire parce qu'en plus de cela, la jeune Douglas ressemblait beaucoup trop à Evans. De dos, il croyait la voir, quand elle mettait sa tête dans ses bras comme en ce moment, il croyait la voir, elle, son cruel amour.

James arrivait à le supporter pour conserver son amitié avec Stella, mais il ne se sentait pas la force de faire plus.

Il était d'ailleurs vaguement conscient que c'était pour cette raison qu'il acceptait aussi facilement l'invitation de Candy. Rien en elle ne lui rappelait la rouquine qui avait détruit son cœur.

          _ Je suis désolé Stella, je ne peux pas. Je te respecte trop pour être avec toi, je ne me suis pas encore remis de son rejet, se borna-t-il à répondre, il ne voulait pas en dire plus. Peux-tu le comprendre ?

          _ Pourquoi vas-tu la voir, elle, alors ?!

          _ Parce que je n'ai pas autant de considération pour elle que pour toi. Simplement.

Elle soupira une énième fois et posa sa tête sur le mur derrière elle.

          _ Je suis désolé de te faire endurer cette souffrance, je sais ce que c'est.

          _ Je ne t'en veux pas, James, ce n'est pas facile tous les jours et je me demande si c'est une bonne idée de t'avoir tout avoué.

          _ Bien sûr que cela en était une mais je crois que tu devrais peut-être t'éloigner de moi, essayer de passer à autre chose, me bannir de ta vie. Cela serait peut-être mieux pour toi.

À mesure qu'il prononçait ses paroles, elles eurent un goût amer dans sa bouche. On aurait dit tout ce que lui serinaient ses amis et la partie raisonnable de son cerveau. Et voilà qu'il disait la même chose à cette fille amoureuse de lui. Le pire c'est qu'il savait ce qu'elle allait ressentir en l'entendant.

          _ Non James ! Je ne veux pas ! C'est trop douloureux, je ne peux plus me passer de toi. C'est pitoyable à dire mais c'est la vérité, s'exclama-t-elle un peu honteuse, les larmes perlant de nouveau le coin de ses yeux.

          _ D'accord, n'en parlons plus alors.

Que faire quand une fille pleure à cause de vous ?

James soupira encore et entoura la petite Gryffondor de ses bras puissants. Elle vint se blottir contre son torse et ils restèrent comme ça jusqu'au couvre-feu.

//

Le lendemain, James se dirigea tranquillement vers la bibliothèque à l'heure prévue. Candy était là, assise sur une table au fond de la grande pièce. Elle s'était encore habillée de façon très sexy. Sa robe était encore bien trop courte pour la saison et même pour la pudeur. Ces démonstrations de séduction le laissèrent de marbre mais après tout il ne fallait pas qu'il soit trop exigeant.

Il arqua un sourcil moqueur quand il ne vit aucun bouquin autour d'elle ni une quelconque indication qu'ils allaient travailler ici.

          _ Travailler ? Est-ce que j'ai mal entendu hier ? railla-t-il.

Elle éclata alors d'un rire peu naturel.

          _ On ne travaille pas ici, c'est juste un point de rendez-vous. Ma sœur est préfète-en-chef des Poufsouffle, elle nous prête son salon et par conséquent la merveilleuse bibliothèque qui s'y trouve.

          _ Ingénieux ce point de rencontre pour me faire venir au rendez-vous sans que je ne sente l'invitation cachée.

          _ Qui a dit que les blondes n'étaient pas malignes ?

          _ Je n'oserais pas !

          _ J'espère bien !

Elle le dévorait littéralement du regard. Il avait du mal à soutenir son regard, les yeux de Candy exprimaient un désir gênant.

          _ Et sinon, ce salon des préfets ? demanda-t-il après s'être raclé la gorge.

          _ Ah oui c'est vrai ! Viens, suis-moi !

Après une vingtaine de minutes, ils passèrent le tableau du salon des préfets de Poufsouffle. La pièce était similaire en tout point à celle des Gryffondor à part les couleurs.

Candy s'installa sur le petit canapé face à une table basse remplie de bouquins. Elle croisa ses jambes et prit une pose étudiée. Le jeune homme la suivit docilement et prit place à côté d'elle. Le canapé était finalement bien plus étroit que celui des Gryffondor.

Ils commencèrent à travailler ensemble, le jeune brun à lunettes faisant de son mieux pour cacher son malaise. Cela faisait un petit moment qu'il ne s'était plus retrouvé dans une situation où la fille faisait tout pour l'aguicher. Elle mordillait sa plume, elle croisait et décroisait ses jambes régulièrement – à tel point qu'il savait maintenant qu'elle était nue sous sa robe – et elle cherchait à tout prix le contact.

Malgré cette séduction intensive, ils finirent deux devoirs grâce à James qui continuait de garder sa concentration.

          _ James, susurra-t-elle à son oreille, j'ai envie de te remercier d'une façon plus généreuse que la normale.

Et avant qu'il ait pu émettre une quelconque résistance, elle plaqua ses lèvres contre les siennes en enfouissant ses mains sous sa chemise.

           _ Candy, attends, l'arrêta-t-il en l'éloignement doucement, il faut que tu saches un truc qui va pas être très agréable à entendre. Je suis pas sensible à ton charme et si je te laisse faire c'est uniquement parce que j'ai besoin de ne plus penser à... une fille.

          _ Oui, cette idi... cette Evans, je sais, je suis au courant de la rumeur. Je m'en fiche pas mal, tu vas voir que je vais te faire changer d'avis, répliqua-t-elle avec un sourire prédateur. Tu n'as qu'à me laisser faire.

« Laisse-toi faire mon pote » avait été le conseil de Sirius quand il en avait discuté hier soir.

« Au pire, tu ne pourras rien faire parce que tu te l'empêcheras, au mieux, tu auras oublié Lily pendant quelques instants » avait été celui de Remus.

« Tu as suffisamment souffert, faut que tu prennes du bon temps maintenant » lui avait finalement conseillé Peter.

Décidant qu'il serait temps d'écouter ses amis, il céda aux avances de la jeune blonde qui s'était maintenant mise sur lui. Elle imposa un autre baiser bestial après lui avoir fait enlever sa chemise. La jeune blonde défit les boutons du jean de James pendant que machinalement ses mains glissaient sur les cuisses de Candy en dessous de sa robe pour finalement la lui enlever.

Une fois nue, un sourire victorieux aux lèvres, elle s'approcha de son oreille une nouvelle fois et murmura « si tu savais tous les efforts que j'ai dû faire pour en arriver là » pendant qu'elle descendait sa main sur la peau nue du bas-ventre du jeune homme.

//

Fade et facile. C'était les deux mots qui constataient le mieux la situation. Un « faute de mieux » qui n'apaisait pas l'appétit et le manque d'elle. Pendant une minute entière une partie de son cerveau n'y avait plus pensé, Remus avait raison. Mais la terrible déception qui lui tordait les entrailles quand il réalisait qu'il ne faisait pas l'amour à elle mais qu'il couchait avec Candy était violente.

Il avait besoin de voler. Il se releva du canapé étriqué pour récupérer ses vêtements.

          _ Hey, hey, hey ! Où tu vas comme ça ? demanda-t-elle en lui attrapant la main.

          _ Ben je t'ai aidé à faire deux devoirs de métamorphose et j'ai couché avec toi, j'ai oublié un truc ?

          _ Monsieur est ronchon après l'orgasme, je note. 

          _ Tu notes ? Tu comptes faire un article sur moi ?

          _ Mais non voyons, pour la prochaine fois !

          _ Quelle prochaine fois ?

          _ Tu crois que j'ai baisé avec toi pour qu'on en reste là ? s'exclama-t-elle apparemment choquée.

Il grimaça, il détestait les filles vulgaires.

          _ Que veux-tu exactement ?

          _ Écoute j'accepte d'être uniquement un objet pour toi alors tu peux bien faire des concessions pour moi non ? Les rumeurs disent que tu es galant, prouve-le !

          _ Je répète, que veux-tu ?

          _ Je veux être ta petite amie officielle !

          _ J'ai pas trop la patience de m'occuper d'une petite amie en ce moment, Candy.

          _ Je te demande juste de m'embrasser le matin et le soir. Et puis qu'on ait quelques parties de baise aussi quand même !

          _ Candy, grogna-t-il, par pitié si tu veux être ma petite amie, t'es priée de surveiller ton langage !

          _ D'accord, mon amour.

 -On commence avec les mots doux de suite ?

          _ Ça paraîtra encore plus naturel avec l'entraînement et c'est pareil pour les baisers, répliqua-t-elle en l'amenant près d'elle pour l'embrasser goulûment.

Fade. Encore et toujours ce mot qui, gravé sur les lèvres Candy, lui laissait toujours un arrière-goût amer.

          _ Encore une question, dit James après quelques minutes, quelle est ta motivation pour accepter de laisser ta fierté au placard et ne te contenter uniquement de ce qu'on a convenu ?

          _ Parce que maintenant, James Potter tout entier est à moi, s'écria-t-elle folle de joie en le caressant de toute part, le rêve que j'avais depuis des années. Tellement de gens te désirent, de tous les désirs possibles, alors savoir que c'est à moi que tu appartiens maintenant, c'est jouissif.

James haussa un sourcil dubitatif que la jeune blonde ne remarquait pas, ses lèvres fines étaient trop occupées sur torse musclé. Il préférait la laisser dans son délire, pour tout dire il s'en fichait pas mal.

Oui, James était à des kilomètres de là, essayant de mobiliser toute la partie active de son cerveau à repousser son image lors du baiser dans le parc ; à repousser le désir qu'elle soit à la place de cette fille. Son corps, ses lèvres, son visage, elle et encore elle.

Il n'était définitivement pas près de l'oublier. Il l'avait dans la peau.

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